Lotfi Sidirahal
Cet architecte et designer franco-marocain, fondateur de l’agence Atelier Pod, vient de recevoir le prix international d’architecture Versailles, oscar des plus beaux hôtels, pour l’Anantara Al Jabal Al Akhdar, dans le sultanat d’Oman
QUI EST-IL ?
Qui a la chance de découvrir le nouvel Anantara Al Jabal Al Akhdar reconnaît volontiers la prouesse technique et architecturale de cet hôtel incroyable, posé au bord d’une falaise du plateau de Saiq, au coeur des montagnes Al Hajar, la grandiose épine dorsale de la péninsule Arabique, à Oman. C’est ici, à plus de 2 000 mètres d’altitude, que Lotfi Sidirahal a conçu « l’hôtel de luxe le plus haut du Moyen-Orient », qui dans ce panorama minéral a tout d’un mirage des cimes. Le bâtiment principal est inspiré des forts portugais du xvie siècle, tandis que les chambres et autres villas privatives ont été décorées avec tout le raffinement inspiré de la culture omanaise. Sans oublier cette incroyable terrasse, comme flottant en apesanteur au-dessus du vide (point de vue devenu culte sur Instagram en moins de six mois), où les levers et couchers de soleil mettent KO. Pour cet hôtel hors norme à plus de 65 millions de dollars, l’architecte vient de remporter le prix Versailles au titre du « meilleur hôtel en Afrique et Asie de l’Ouest ».
D’OÙ VIENT-IL ?
Si l’homme de 38 ans est plutôt discret, sa carrière a décollé de manière fulgurante. Né à Casablanca, il monte à Paris à 18 ans, fait ses études à l’Ecole spéciale d’Architecture de Paris, aux côtés d’Odile Decq, son « mentor », avant de fonder en 1999 avec quatre copains d’école Atelier Pod, un labo d’expérimentations architecturales. Nourri par les grands archi-utopistes des années 1960, il planche sur l’idée du nomadisme et crée le Nomambule, « une bulle gonflable, transportable dans son sac à dos et que l’on déployait dans l’espace tel un plug-in, pour lire, dormir, travailler… ». Le projet est remarqué par le prestigieux Vitra Design Museum qui l’expose à Berlin, suivi par la Fundación Canal à Madrid, le Hangaram Design Museum à Séoul, l’Institut d’Art contemporain à Boston… En 2002, le voilà déjà nominé aux Premio Borromini Awards, les Oscars de l’architecture à Rome, parmi les « 40 meilleurs architectes de moins de 40 ans ».
QUE FAIT-IL ?
De Paris à Dubaï, en passant par Casablanca, Lotfi Sidirahal conçoit aujourd’hui surtout des hôtels. Sa compréhension des enjeux identitaires et des attentes des marques de luxe lui permet de faire partie de la short list des architectes et architectes d’intérieur travaillant pour de grands groupes internationaux: Carre Eden by Radisson (pour le compte de Xavier Guerrand Hermès à Marrakech), Four Seasons, Accor, Anantara ou Paramount Hotels, une toute nouvelle chaîne des studios hollywoodiens (le premier établissement ouvrira à Dubaï en 2018) pour laquelle son agence a imaginé tout le scénario architectural. Les gros contrats s’enchaînent, les récompenses aussi. Il vient ainsi de remporter à l’Unesco le prix spécial du meilleur restaurant en Afrique pour Villa Gapi à Casablanca. Un bâtiment blanc ultra-contemporain inspiré des rubans d’emballage, à base de Krion, du marbre de synthèse thermoformable. Assez spectaculaire.