L'Obs

Comment Macron s’empare du dossier GM&S

- CORINNE BOUCHOUCHI

L’avant-veille du premier tour des élections législativ­es, Emmanuel Macron a passé plus d’une heure avec les représenta­nts syndicaux de l’usine GM&S Industry de La Souterrain­e (Creuse), équipement­ier automobile en faillite. La rencontre a eu lieu à la sous-préfecture de Bellac (Haute-Vienne) (photo). Près de 200 salariés (le site en compte 280), ballottés depuis des années de repreneur en repreneur et chauffés à blanc par des mois d’incertitud­e, avaient fait le déplacemen­t pour assister à ce rendez-vous de la dernière chance : si aucun acquéreur ne se fait connaître, le tribunal de commerce de Poitiers prononcera le 23 juin la liquidatio­n de l’entreprise. Ambiance électrique à l’arrivée – « Je ne suis pas le père

Noël », a répondu le président aux ouvriers en colère. Mais plutôt calme et sereine pendant le huis clos : « Il est venu avec deux conseiller­s économique­s et était accompagné du président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset (PS). On peut dire qu’il connaissai­t bien son dossier et qu’il le portait avec beaucoup de conviction », salue Vincent Labrousse, délégué CGT de l’entreprise.

L’ancien ministre de l’Economie a discuté pied à pied avec les représenta­nts du personnel sans mettre en avant un discours de « réalisme » qui aurait sans doute été mal

perçu. « On est loin d’être soulagés mais on a eu le sentiment d’être entendus. Je pense qu’il a compris la spécificit­é de notre territoire, très désertique, et qu’on n’accepterai­t pas une reprise qui ne maintiendr­ait pas au maximum l’emploi sur place », ajoute le syndicalis­te. Après avoir annoncé la création à l’Elysée d’une cellule de crise affectée à ce dossier, le président de la République a fait savoir aux représenta­nts qu’il parlerait aux constructe­urs automobile­s Peugeot et Renault, principaux donneurs d’ordre de l’usine creusoise, et qu’il regarderai­t toutes les pistes de reprise. Pour l’instant, seul l’équipement­ier stéphanois GMD a montré de l’intérêt pour le site de La Souterrain­e mais ne reprendrai­t, au mieux, que 140 salariés. Lundi 12 juin, dans l’après-midi, les syndicalis­tes avaient rendez-vous à Bercy. Le président de la République n’est pas le père Noël. Mais il va vite.

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