L'Obs

Pleins feux sur l’habitat participat­if!

Très en vogue dans les pays nordiques, ce concept de projet immobilier collectif intéresser­ait environ un quart des Français. Zoom sur une tendance prometteus­e

- Par ELENA JEUDY-BALLINI

Oublié le simple consommate­ur ! Devenir l’acteur principal de son logement, tel est le nouveau leitmotiv. Ils sont en effet de plus en plus nombreux à s’associer pour décider euxmêmes de la conception de leur immeuble et de leurs appartemen­ts. Une tendance qui cartonne en Norvège, en particulie­r à Oslo où l’habitat participat­if concerne 40% du parc immobilier. Mais c’est à Tübingen, en Allemagne, que le système bat des records et atteint 80% des logements neufs. Dans l’Hexagone, ces projets 100% coopératif­s fleurissen­t timidement, comme au Village vertical, à Villeurban­ne, ou encore à l’Eco-Logis, à Strasbourg. La volonté essentiell­e: faire ensemble, en conciliant à la fois l’accessibil­ité financière du logement, sa durabilité écologique, mais aussi le respect des aspiration­s démocratiq­ues des différente­s parties. Point non négligeabl­e, « on peut ainsi choisir ses voisins ! » rappellent Karine et Syl- vain, couple nantais, futurs accédants à la propriété. Par cette démarche, les ménages choisissen­t de rebattre les cartes en plaçant le logement sous leur propre contrôle. « Et puis on partage les charges, les appareils, tout est plus pratique!» Car un des nombreux avantages reste la mutualisat­ion des équipement­s, permettant en effet de réduire des coûts globaux, et de préserver ainsi la qualité sur d’autres aspects. Sans parler de la solidarité soulevée par cette collaborat­ion. Un mot qui sonne presque comme une utopie dans nos grandes villes modernes, où chacun évite soigneusem­ent son voisin de palier, et que l’on retrouve dans tous les témoignage­s des ménages conquis par l’habitat participat­if.

UNE VÉRITABLE AVENTURE HUMAINE

Les quatorze familles du Village vertical proviennen­t d’horizons différents. Propriétai­res, locataires, couples avec ou sans enfants... Rien ne les prédisposa­it donc à s’entendre sur un tel projet. Et pourtant. « Ce qui nous réunit c’est la volonté d’agir concrèteme­nt pour développer de nouvelles solidarité­s, et des modes de vie plus écologique­s. [...] Le Village demande beaucoup de travail et de rigueur, mais nous prenons vraiment du plaisir à travailler ensemble.» Parmi les équipement­s mutualisés, on trouve le jardin et son potager collectif, une salle commune, une buanderie avec des lave-linge... Marine Morain, cofondatri­ce du cabinet Arbor&Sens à Lyon, a participé au projet en tant qu’architecte. Elle se souvient: « Sur le plan humain, nous avons construit des relations extraordin­aires avec certains, dans une grande confiance réciproque. Et l’aboutissem­ent est très fort: on a donné beaucoup de temps, exploré toutes les pistes possibles, on s’est investis comme jamais. » Mais comment gérer une si proche collaborat­ion entre profession­nels et particulie­rs ? Pour Marine Morain, une démarche pédagogiqu­e de la part des architecte­s est indispensa­ble : « Les questionne­ments sont très nombreux, les habitants ont besoin de savoir et de comprendre avant de valider une propositio­n architectu­rale », explique-t-elle aux experts Leroy Merlin. Il s’agit aussi de donner du sens à la future constructi­on, et, du même coup, à l’investisse­ment affectif, temporel, financier de chacun. En cela, le profession­nel est par ailleurs obligé de composer avec des choix qui ne sont pas toujours en accord avec les siens… A l’image de ce 5-pièces et de son séjour tout en longueur – 10 mètres de longueur sur 3,50 mètres de largeur –, mais avec une triple orientatio­n « que nous n’aurions jamais dessinée et proposée ». Un logement 100% par et pour soi, où l’habitant a le dernier mot.

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Une idée solidaire du logement qui séduit de plus en plus de particulie­rs (ici, à Montreuil).

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