L'Obs

“QUICONQUE ME FRAPPE, JE LE FRAPPE DIX FOIS PLUS FORT.” DONALD TRUMP

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Restera-t-il fidèle à la famiglia ? Peut-être pas, s’il s’agit de payer sa loyauté d’une peine de prison…

“PAPA A DIT…”

La fable, et la réalité. La fable : Ivanka Trump exerce une influence modératric­e sur son papa chéri, elle a une sensibilit­é plutôt de gauche et est capable de l’adoucir sur des sujets comme l’égalité des femmes ou l’environnem­ent. La réalité : Trump écoute sa fille préférée mais n’en fait qu’à sa tête, comme l’a montré sa décision de se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Ivanka a même corrigé Eric, après que celui-ci eut suggéré qu’elle avait incité son père à bombarder la Syrie. Le boss, c’est lui et lui seul, et ceux qui l’oublient le paient cher. Beaucoup pensent que Steve Bannon doit sa mise à l’écart (relative et peut-être pas définitive) à une couverture de « Time Magazine » le mettant en scène, qui avait déclenché la fureur du patron.

Pour parvenir à leurs fins, les plus malins ont trouvé le truc : faire passer le message via les émissions de news télévisées que regarde le président, ou rebondir sur celles-ci quand il les a encore en mémoire. Jared, pour sa part, prend bien garde de ne jamais indiquer ce qu’il veut. « Il est très fort pour écouter Trump et essayer de deviner ce dont il a besoin », admire le républicai­n Newt Gingrich. La définition parfaite du « parler à l’oreille de… ».

LÂCHEZ LES PITBULLS

« Quiconque me frappe, je le frappe dix fois plus fort. » « S’ils vous baisent, baisez-les dix fois plus fort »… S’il est un précepte qui a servi le candidat Donald Trump au-delà de toutes les espérances, c’est bien cette règle d’or du caïd de cour de récré : frapper, et frapper fort pour clouer le bec à tous ceux qui osent contester votre domination. Twitter a constitué le conduit parfait de cette agressivit­é, avec une litanie d’insultes doublée parfois d’incitation­s à la violence physique.

Cette brutalité plaît à ses supporters, dont beaucoup apprécient de voir Trump bousculer le président du Montenegro pour être au premier rang d’une photo de groupe. Elle se retrouve aussi dans les réactions des fils Trump, quitte – comme papa ! – à déraper joyeusemen­t. Si les républicai­ns traitaient Hillary comme les médias traitent Trump, dit Donald Jr. pendant la campagne, « on ferait chauffer les chambres à gaz » ! Dans un tweet, il compare les réfugiés syriens à un bol de pastilles aux fruits : « Si je vous disais que trois allaient vous tuer, vous en prendriez une poignée ? » Eric, tout aussi inspiré par les comparaiso­ns douteuses, assimile la torture du waterboard­ing (« simulacre de noyade ») à un bizutage de collège…

CHARITÉ BIEN ORDONNÉE…

Les Trump ne sont pas seulement des rapaces, ils sont radins. David Fahrenthol­d, le reporter du « Washington Post », a remporté un prix Pulitzer du journalism­e américain pour avoir exposé la pingrerie de Trump envers les organisati­ons caritative­s, capable de squatter le siège d’un donateur pour être au premier rang d’un gala de charité… sans avoir versé un dollar !

Là encore, les fistons ont suivi l’exemple paternel. Au moment de ses fiançaille­s, Donald Jr. accepte une (coûteuse) bague d’un bijoutier, en échange d’une séance photo publicitai­re dans un centre commercial. Même Trump Sr. trouvera qu’il pousse un peu, non pas sur le plan moral mais parce qu’« avec un nom aussi populaire il faut faire très attention avec ce genre de trucs »… Eric, quant à lui, a récemment été accusé d’avoir fait profiter le business familial d’événement caritatifs organisés par la Fondation Eric Trump dans un club de golf Trump. Ledit club avait reçu plus de 1,2 million de dollars pour l’événement, un montant « défiant toute justificat­ion raisonnabl­e de coût pour un tournoi de golf d’une journée », indique un article de « Forbes ».

FAITES COMME NOUS, NAISSEZ RICHES

Milliardai­re mais populiste : le fond de sauce de Trump, le secret de sa victoire. Mais aussi, une conviction ancrée au sein du clan : leur bonne fortune, à tous, a été gagnée à la force du poignet. Donald Trump lui-même a toujours minimisé les millions hérités de son père, alors que sa fortune actuelle serait encore plus grande s’il les avait placés dans un index suivant le cours de Bourse des grandes entreprise­s.

Donald Jr., à la convention de Cleveland, ose même ceci : notre pays, dit-il, «a produit le réseau le plus touffu de parrainage­s et d’influences qu’il y ait jamais eu dans aucun pays ni à aucune époque. Il est composé de gens autosatisf­aits au sommet, nos nouveaux aristocrat­es ». Mais c’est peut-être Ivanka qui remporte le pompon. Dans son nouveau livre, « Women Who Work », un ramassis insipide de citations convenues, on trouve quelques pépites dont celles ci : « Comme le dit toujours mon père, si vous aimez ce que vous faites et travaillez très, très dur, vous connaîtrez le succès », « vous choisissez le succès, vous choisissez l’échec, vous choisissez le courage, vous choisissez la peur. » Et ceux qui pensent autrement sont des « personnes négatives ». En un mot, des losers.

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