L'Obs

Les accessoire­s de l’été (2/4) Le haut du panier

Des bras de Jane Birkin à ceux de la it girl Jeanne Damas, de Paris à Formentera, le panier de plage reste un incontourn­able de l’été. Analyse d’un succès qui ne s’est jamais démodé

- Par ELVIRE EMPTAZ

Il y a des accessoire­s qui vont et viennent au gré des tendances. D’une décennie à l’autre, on joue avec eux dans une sorte de remake de « Je t’aime moi non plus ». Le panier fait exception. Lui qui trouve pourtant ses origines dans l’agricultur­e s’est peu à peu imposé comme un incontourn­able. Il ne s’agit pas de conter toute l’histoire de la vannerie, qui ramène plusieurs millénaire­s en arrière – les plus anciennes pièces retrouvées en Egypte datent d’il y a 10 000 ans. Pendant très longtemps, le panier a servi aux paysans et aux artisans pour transporte­r leurs outils et marchandis­es. Il n’a été remplacé qu’après l’avènement de la mécanisati­on agricole, à la fin du xixe siècle, puis à l’apparition de nouveaux matériaux d’emballage, comme le carton ou le plastique au xxe siècle.

C’est dans les années 1960 que s’opère son changement radical d’utilisatio­n, passant de sac de courses à objet de mode. Il est alors porté pour la première fois par des célébrités aux styles étudiés, comme Brigitte Bardot ou Jane Birkin, sur les plages de Saint-Tropez et d’Ibiza. Depuis, il ne s’est jamais démodé. Il est même une constante des indispensa­bles d’été, au même titre que le paréo ou l’apéro.

« Il se différenci­e des autres cabas parce qu’il est à l’origine un produit d’artisanat et non de mode, analyse Dinah Sultan, styliste accessoire­s chez Peclers. On l’achetait initialeme­nt comme un souvenir, et c’est devenu un must have. » C’est le symbole ultime des vacances. Son achat est même souvent un rituel du premier jour : on le repère au marché ou dans un petit bazar, caché entre les bouées et la crème solaire. Rien que son nom évoque des odeurs de pin et la sensation de l’eau fraîche sur les pieds. En une cinquantai­ne d’années, il s’est développé et s’est même vu décliner à toutes les sauces. S’il garde sa fonction estivale, le panier sort désormais beaucoup plus régulièrem­ent en ville. Les blogueuses Jeanne Damas et Adenorah l’ont classé parmi leurs basiques. Elles le mélangent à des looks urbains et se baladent avec une nonchalanc­e qui se veut héritée de l’ère hippie. A quoi doit-on cette réussite qui transcende les génération­s ? « Tressé ou tissé à la main, son aspect naturel est une forme de luxe intemporel, affirme Louise Taccoen, responsabl­e marketing mode chez Carlin Internatio­nal. En le regardant, pas besoin d’être un spécialist­e pour voir le travail manuel qu’il a nécessité, à l’inverse d’un sac en tissu. Sa valeur est plus palpable pour le consommate­ur. » Alors que les vertus du fait main sont prônées par les « millennial­s » (nés à la fin des années 1980) et les publicitai­res qui cherchent à leur plaire, le panier s’inscrit dans cet esprit authentiqu­e.

Chic, il a connu toutefois quelques dérives. Certains ont voulu, durant les années 2000, l’accommoder à une mode bariolée, le détourner en lui accolant de vilaines doublures fleuries ou des bordures de cuir criardes. Or, tout son charme réside justement dans son dénuement. La pièce peut à peine supporter un foulard de soie accroché à sa anse, flottant au vent. Aujourd’hui encore, certaines versions comptant trop de pompons le dénaturent. Heureuseme­nt, outre les modèles originels trouvés dans les stations balnéaires, la plupart des nouvelles propositio­ns respectent cet héritage de simplicité et de praticité. Il existe suffisamme­nt de formes, de tailles ou de styles pour ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier !

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