Domecq par lui-même
EXERCICES AUTOBIOGRAPHIQUES, PAR JEAN-PHILIPPE DOMECQ, LA BIBLIOTHÈQUE, 170 P., 16 EUROS.
Il se rêvait pilote de formule 1 (relire le vrombissant « Sirènes sirènes »), il est devenu écrivain. Un romancier, essayiste, polémiste et moraliste aussi brillant que prolifique, auteur cette année de quatre livres, parmi lesquels une apologie d’un genre qu’il a fondé : la métaphysique-fiction, mais un homme dont, finalement, on ne sait pas grand-chose. Pour connaître Jean-Philippe Martin, alias Domecq, il faut plonger dans ce recueil d’entretiens. On y fait quelques découvertes stupéfiantes, au sens propre. A 20 ans, dans l’après-Mai-68, tout en passant du situationnisme au taoïsme, il vécut en communauté dans les Pyrénées-Orientales et découvrit, avec le LSD, qu’il classe parmi les « lucidogènes », ses premières hallucinations. Depuis, il ne touche plus à l’acide, préférant, dit-il, se droguer à l’écriture : « Elle m’ouvre à tout, en me permettant d’intérioriser ce qui m’arrive, même ce qui ne m’arrive pas encore ! » Petit-fils d’un cantonnier espagnol et illettré, fils d’un ingénieur des travaux publics, peintre jusqu’à ses 35 ans et longtemps aspiré par les circuits automobiles, au bord desquels il éprouvait une jouissance quasi sexuelle, il s’enferme aujourd’hui chez lui – « J’étou e dehors, les gens m’oppressent » – pour, n’écoutant que ses ondes intérieures, ses « ondes apaches », composer une des oeuvres les plus singulières de la littérature.