Les merveilles de Tokyo
DIORAMAS. PALAIS DE TOKYO, PARIS-16E. WWW.PALAISDETOKYO.COM. CATALOGUE DE L’EXPOSITION, FLAMMARION/PALAIS DE TOKYO, 348 P., 49 EUROS.
En été au Palais de Tokyo, on peut faire du lèche-vitrine. Mais ici, rien à vendre ou à promouvoir. Derrière des parois vitrées, le visiteur découvre les merveilles des théâtres optiques, des reconstitutions de milieux naturels avec paysages et animaux sauvages empaillés, des scènes religieuses, des intérieurs de vieilles demeures reproduits avec un soin méticuleux, des installations d’artistes contemporains venant ajouter une note pimentée dans cette déambulation spectaculaire. C’est à Louis Daguerre, « l’inventeur » de la photographie, que l’on doit aussi d’avoir imaginé cette forme de mise en scène qui tient tout à la fois du cinéma et du spectacle forain. Son idée est astucieuse : à l’aide d’éclairages soigneusement déployés, il parvient à donner l’illusion du mouvement sur de grands décors peints. Le public parisien du xixe siècle pourra ainsi assister, dans la salle qui portait le nom de son invention (le « Diorama »), à une « Messe de minuit » ou à un « Eboulement dans la vallée de Goldau ». Certes, Daguerre ne fut pas le premier à tenter de livrer une image d’un réel parfois fantasmé. Comme on le verra dans cette passionnante exposition, des artisans ou artistes anonymes composent, dès le xvie siècle, des « installations » donnant à voir – parfois avec un luxe de détails – des épisodes bibliques. Cette minutie, on la retrouve dans les muséums d’histoire naturelle américains et européens où scientifiques et artistes recomposent, comme on le verra ici à travers plusieurs vitrines, des milieux naturels (avec végétaux artificiels et animaux empaillés) destinés à l’éducation du public.
Les artistes contemporains ne pouvaient évidemment rester indifférents à cet exercice de mise en scène. Parmi les oeuvres exposées, on retiendra celle de Mathieu Mercier qui, dans un grand cube de verre, a placé un drôle d’aquarium sur un tapis de terre. A l’intérieur, on pourra observer les plus étranges créatures qui soient : un couple d’axolotls, ces animaux larvaires munis de pattes et de branchies. On verra également un spécimen de l’un des désopilants théâtres optiques de Pierrick Sorin, des boîtes de Charles Matton (dont sa fameuse reconstitution de « l’Atelier de Giacometti »), ou encore les photos de Richard Barnes qui, lui, nous donne à voir les coulisses des musées, à l’heure où les techniciens de surface, comme on dit, viennent faire le ménage dans la cage de verre des bisons. Le Palais de Tokyo, une fois de plus, va enchanter ses visiteurs !