MACRON DANS LES PAS DE SCHRÖDER ?
Avec ses ordonnances sur le droit du travail et les projets de réformes, Emmanuel Macron emboîte le pas des Allemands, avec un décalage de quinze ans. En 2003-2005, à l’époque du chancelier socialdémocrate Gerhard Schröder, plusieurs lois pour corriger les dysfonctionnements du marché du travail ont été adoptées : les fameuses réformes Hartz, du nom du DRH de Volkswagen qui les a inspirées. Si les réformes Hartz et les réformes Macron reposent sur un même diagnostic – pour lutter contre le chômage, il faut changer les règles du jeu sur le marché du travail – leurs approches diffèrent. Ce que les réformes Hartz ont introduit, c’est une flexibilité sur le temps de travail, une refonte de la formation professionnelle et de l’assurance-chômage, et la possibilité de proposer des « mini-jobs », emplois précaires et peu rémunérés. Comme les ordonnances Macron, elles ont assoupli les règles de licenciement, mais différemment. Les ordonnances françaises plafonnent les indemnités accordées par les prud’hommes en cas de licenciement abusif. Les réformes allemandes, elles, ont dispensé les entreprises de moins de 10 salariés (contre 5 auparavant) de justifier des licenciements. Sur l’assurance-chômage, la philosophie d’Emmanuel Macron est également différente. Pour accroître la pression pour travailler, Schröder avait restreint les droits au chômage, en réduisant de moitié la période d’indemnisation et en obligeant les chômeurs à accepter le travail qu’on leur propose. Certes, le projet d’Emmanuel Macron prévoit 10 milliards d’euros d’économies sur l’assurance-chômage, ce qui passera forcément par une réduction de certains droits. Et il entend rendre effective l’interdiction de refuser plus de deux offres d’emploi (la loi actuelle prévoit en principe une radiation de deux mois dans cette hypothèse). Mais il élargit aussi les droits, en ouvrant l’assurance-chômage aux salariés qui démissionnent et aux indépendants.