L’ARMÉE DES GEEKS
Mélenchon ne les remerciera jamais assez. Depuis près de huit mois, une armée de geeks répand sa parole bénévolement, avec un certain talent, sur une plateforme baptisée le « Discord insoumis ». Un service de messagerie sur lequel les soutiens du candidat ont créé leur groupe. C’est à eux qu’on doit Fiscal Kombat, ce jeu vidéo où un « Méluche » en pixels soutire de gros billets à toutes sortes d’oligarques. C’est de là que vient le site Mélenshack, banque d’images (plutôt drôles) repeignant Macron et Pénicaud à toutes les sauces. C’est encore à eux qu’on doit le Mélenphone, cet outil avec lequel l’équipe du candidat a tenté de convaincre les abstentionnistes. A l’origine du Discord insoumis, un Parisien de 21 ans répondant au pseudo de « Miidnight ». « Pas vraiment politisé », cet étudiant en informatique avait voté une fois écolo avant de découvrir Mélenchon sur YouTube. Après avoir échangé sur le forum Jeuxvideo.com, il propose en décembre à d’autres « insoumis » de rejoindre l’application Discord. Très vite, la plateforme attire des milliers de jeunes internautes aspirant à faire élire Mélenchon. « Depuis le début, 250 000 personnes s’y sont connectées au moins une fois. Il y a moins de monde que pendant la campagne mais 10 000 personnes y sont venues une fois la semaine dernière », détaille « Miidnight ». Le côté cour est moins reluisant : c’est ici que dans la nuit du 14 avril dernier un internaute a posté un message appelant à faire de la « désintox » sur le compte Facebook du dessinateur Joann Sfar, vite submergé par des messages hostiles. « Miidnight » s’entretient régulièrement avec des proches de Mélenchon mais dément tout lien de subordination. La preuve ? « On a une radio insoumise sur laquelle on a invité Philipe Poutou. On a aussi créé Francetvdésinfo [un site parodique]. On sait pas ce qu’ils en pensent. » Vérification faite, les dirigeants « insoumis » sont ravis.