Cancérogène ou pas ? Le contre‑pied de l’agence sanitaire française
Bien difficile de savoir quelle est la position officielle de la France vis-à-vis du glyphosate ! Car l’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) n’est pas d’accord avec Nicolas Hulot. Dans un avis publié en février 2016, l’agence française chargée d’évaluer les risques sanitaires estime en effet que son « niveau de preuve de cancérogénicité chez l’animal et chez l’homme est considéré comme relativement limité ». Le glyphosate pourrait, tout au plus, être « suspecté d’être cancérogène » chez l’animal, ce qui est très inférieur au diagnostic du Centre international de Recherche sur le Cancer (Circ). Comment expliquer une telle disparité de jugement ? « Le Circ a une expertise extrêmement sérieuse sur le plan scientifique, nous explique Roger Genet, le directeur général de l’Anses. Mais son travail consiste à classer les substances en évaluant leur dangerosité. L’Anses, elle, évalue les risques. En fonction des différentes situations d’exposition et des différents usages. » Pour l’Anses, le glyphosate n’est donc pas cancérogène dans les conditions d’exposition qui sont les siennes en France. Et Roger Genet de prendre un exemple : l’alcool est une substance dangereuse, mais son risque est jugé acceptable, car tout le monde ne boit pas au point de finir avec une cirrhose du foie. Le fait qu’on retrouve du glyphosate dans l’air, dans l’eau et les aliments « n’induit pas une augmentation du risque de cancers, compte tenu des données disponibles », insiste le directeur général de l’Anses. Sachant, tout de même, que les « données disponibles » ne disent rien de l’accumulation dans notre organisme des faibles doses de glyphosate que tous, nous ingérons tous les jours… A. G.