De l’art de placer ses liquidités
Conserver des placements sans risque, assez peu ou pas fiscalisés, constitue un répit temporaire mais salvateur pour les épargnants mesurés
C ertains vont avoir tendance à jouer la prudence. En attendant d’y voir plus clair d’ici à la fin de l’année, ils pourront être tentés, cet automne, de placer leurs liquidités dans des dépôts à vue et sur de l’épargne réglementée avant de faire des choix », reconnaît Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. La panoplie reste large.
FAIRE LE PLEIN DE LIVRETS RÉGLEMENTÉS
Les produits d’épargne réglementée par l’Etat comme les livrets A, de développement durable et solidaire (LDDS) et d’épargne populaire (LEP) sont à l’abri du grand chambardement fiscal. Donc pas de « flat tax » les concernant ! « Leur rendement net est certes modeste, soit 0,75% pour le LDDS et le livret A. Mais il faut comparer ces performances à ce que l’on trouve aujourd’hui dans la gamme des placements sans risque et aussi peu fiscalisés. Et il n’y a pas grand-chose d’autre », relativise Cyril Blesson, associé chez Pair Conseil, un cabinet d’études économiques et financières. Dans la limite des plafonds de dépôts, il convient donc de les utiliser comme des enveloppes destinées à loger une épargne de précaution. Leurs atouts ? La détention de ces livrets ne génère aucuns frais (de souscription, de gestion, de sortie) et offre une sécurité du capital à toute épreuve. Sans oublier que les fonds investis sont mobilisables à tout moment. A noter que le taux devrait être « gelé » à 0,75% pendant 2 ans dans le cadre de la nouvelle politique du logement annoncée par le gouvernement.
LE PLUS DES LIVRETS BANCAIRES ET SUPERLIVRETS
Actuellement, les intérêts générés par ces livrets bancaires et autres superlivrets sont imposés au barème progressif (dépendant donc de sa tranche marginale d’imposition), auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux. Or leur fiscalité va changer puisqu’ils seront concernés par la « flat tax ». Concrètement, ce sont les contribuables les plus imposés (30%, 41% et 45%) qui seront gagnants puisqu’ils seront moins ponctionnés. En dépit de ce changement, l’intérêt des livrets bancaires reste intact pour tous les ménages. Avec des taux plus séduisants dans les banques en ligne que dans les banques de réseau, ces comptes sur livret permettent de mettre à l’abri pendant une durée indéterminée une somme sans limite de plafond. Cela peut être l’occasion d’y placer son bas de laine après avoir fait le plein des livrets réglementés ou encore d’y loger une somme plus importante (héritage, cession immobilière) en attendant de l’affecter vers un placement plus pérenne ou de financer une dépense précise. Là encore, ces livrets ne font l’objet d’aucuns frais avec une totale liquidité et disponibilité des fonds. Seuls les taux de rémunération affichés sont à géométrie variable. Gare à l’effet baudruche des offres commerciales ! Il y a presque toujours des taux en promotion qui sont séduisants pour attirer les épargnants. Ces rémunérations « paillettes » oscillent aujourd’hui entre 2 et 3,2%, mais sont assorties de conditions sur le montant placé (souvent limité pour profiter du taux « dopé ») et sur la durée (courte). Deux ou trois mois après la souscription du livret, les taux « ordinaires », moins sexy, s’appliquent. Actuellement, ils oscillent entre 0,3 et 1% (hors fiscalité) selon les établissements.
L’ÉPARGNE LOGEMENT RATTRAPÉE PAR L’IMPÔT
L’étau fiscal se resserre autour du plan épargne logement (PEL), ce « vieux » placement conçu en décembre 1969 par l’Etat pour aider (avec un taux bonifié pour l’épargne et pour le prêt) les particuliers à financer l’acquisition de leur résidence principale. A compter du 1er janvier 2018, les intérêts produits par les PEL de plus de 12 ans d’âge seront imposés au prélèvement forfaitaire libératoire (PFU) de 30%. Et pour les nouveaux plans ouverts à compter de cette même date, les intérêts générés seront, dès la première année, également imposés au PFU. Ce qui fera tomber la rémunération nette à 0,7%. De plus, la prime d’Etat a été supprimée. A noter que les plans ouverts avant le 1er janvier 2018 dont les intérêts sont produits jusqu’à la veille de leur 12e anniversaire resteront exonérés d’impôt sur le revenu. « Cela fait déjà plusieurs années que le PEL est surtout utilisé par les épargnants comme une cagnotte pour mettre de l’argent de côté. Cette somme sert partiellement à autofinancer une opération immobilière à moyen ou long terme. Mais le taux de crédit “promis” par le PEL au terme de la période d’épargne (2,2% actuellement) n’est plus du tout compétitif. Et depuis longtemps. Cela fait sept ans qu’il est supérieur aux taux des prêts libres sur le marché », commente Sylvain Lefèvre, président de la Centrale du Financement, un courtier immobilier. Cette nouvelle mesure fiscale vise surtout à faire bouger l’épargne figée dans des p21l0ans de plus de 12 ans. Ces « vieux » PEL rapportent pour l’instant beaucoup à leurs d19é0tenteurs (entre 2,5 et 4% par an), contre seulement 1% pour la génération de plans ouverts depuis 2016. Compte tenu de cette 170 nouvelle pression fiscale, certains épargnants seront tentés de basculer leur 150 épargne ailleurs. Mais le PEL reste opportun pour qui souhaite préparer une acquis13i0tion immobilière. Grâce à son rendement certes modeste, c’est une façon sans r11i0sque de mettre de l’argent de côté et de se constituer un apport personnel touj9o0urs utile pour acheter et négocier son taux de crédit.