L'Obs

Se préparer des ressources futures

Pour se constituer un patrimoine sur une longue durée, capable de générer à terme des revenus fixes, le particulie­r a tout intérêt à miser sur quatre placements qui ont fait leurs preuves

- Par LÉA SIMON

Les allègement­s fiscaux récemment annoncés par le gouverneme­nt en faveur des valeurs mobilières (« flat tax » et sortie des actifs financiers du nouvel impôt sur la fortune immobilièr­e) ont été décidés pour inciter les épargnants à investir davantage dans les sociétés et moins dans la pierre. « Epargnés par la réforme, le PEA et l’épargne salariale conservent leurs atouts », indique Philippe Crevel.

L’AUBAINE DE L’ÉPARGNE SALARIALE

Une chose est sûre, l’épargne salariale ne sera pas concernée par le vent de la réforme fiscale qui souffle sur les placements. Pas de PFU prévu, donc rien ne change ! Et c’est tant mieux, car le plan d’épargne entreprise (PEE) occupe une place de choix pour faire fructifier des fonds avec un coup de pouce financier de son employeur. C’est même le bon moment ! « Les résultats des entreprise­s se redressent. Du coup, cela dope les primes d’intéressem­ent et de participat­ion versées par les sociétés à leurs salariés, des sommes susceptibl­es d’être injectées dans un PEE », signale Cyril Blesson, associé chez Pair Conseil.

Pour mémoire, ce placement collectif permet à chaque salarié de se constituer une épargne avec des fonds bloqués pendant cinq ans au minimum. En plus de son épargne individuel­le, chaque titulaire d’un PEE profite de l’aide financière de sa société et des avantages fiscaux liés à ce produit. Au fil des ans, l’argent investi dans un portefeuil­le de valeurs mobilières fructifie. A l’échéance, soit après cinq ans, le capital et les intérêts sont disponible­s et récupérabl­es en franchise d’impôts. Seuls les prélèvemen­ts sociaux sont dus (donc 17,2% à partir de 2018). La loi prévoit des cas de déblocage anticipé (licencieme­nt, divorce, achat immobilier, etc.). Atout non négligeabl­e de cette enveloppe : le montant placé n’est pas limité. Toutefois, les verse-

ments volontaire­s (ponctuels ou program-més) sont limités à 25% de sa rémunéra-tion brute annuelle. Facultatif, un abondement peut être versé en complé-ment par l’employeur. Son montant est plafonné à trois fois le montant des verse-ments du salarié dans la limite, en 2017, de 3 138,20 euros par an (soit 8% du plafond annuel de la Sécurité sociale). L’épargne est investie dans des titres de l’entreprise ou dans des parts de fonds commun de placements d’entreprise (FCPE). Au sein d’une même entreprise, l’offre de FCPE doit être diversifié­e pour proposer diffé-rents profils de gestion adaptés au degré de risque accepté par l’épargnant. Le capi-tal placé n’est pas garanti, mais les sup-ports proposés sont généraleme­nt peu spéculatif­s. A savoir : l’abondement versé au salarié par l’entreprise sur un PEE (ou un PEI) échappe à l’impôt sur le revenu. En revanche, cette somme est soumise aux prélèvemen­ts sociaux. Les revenus des FCPE réinvestis dans le PEE sont exoné-rés d’impôt sur le revenu. Les plus-values réalisées à la sortie du PEE ne supportent pas l’impôt sur le revenu. Elles sont seule-ment soumises aux prélèvemen­ts sociaux.

LES LIMITES DE L’IMMOBILIER LOCATIF

Le prix de la pierre grimpe dans toutes les grandes métropoles françaises, mais dans le même temps celui des loyers est en berne. Résultat : la rentabilit­é immobilièr­e s’étiole au fil des mois. Alors que le nouvel impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI) se dessine, est-il opportun de se lancer dans un investisse­ment locatif ? Concernant le futur IFI,

« les contribuab­les détenant déjà un patrimoine de 1,3 million d’euros et plus dont une grande partie des avoirs est investie dans de l’immobilier ne seront pas plus taxés qu’avec l’ISF. Le taux ne bouge pas, ni même l’assiette. Ce remplaceme­nt de l’ISF par l’IFI ne va rien changer pour

En Ganansia. Patrick assure eux », revanche, la question pourrait se poser pour ceux qui seraient tentés d’investir

deviendrai­ent d9 ans les prochains mois et qui ainsi assujettis à cet impôt en passant le cap de 1,3 million d’euros. Même davantage taxée (les prélèvemen­ts s0ociaux passent de 15,5 à 17,2%), la pierre r-3este encore attractive sur du long terme. « C’est encore le meilleur moyen de se constituer une épargne à crédit et de se préparer des revenus complément­aires pour la

affirme Eric Ninu, directeur retraite », commercial d’iSelection, société spécialisé­e dans l’immobilier patrimonia­l.

Pour ceux qui sont partants, le choix est cornélien : acheter du neuf ou de l’ancien ? La première solution est à privilégie­r sans attendre, car le dispositif Pinel actuel vit ses derniers mois. Dès le 1er janvier prochain, il concernera beaucoup moins de zones géographiq­ues. Ce système en fin de vie garde ses atouts. D’abord, la rentabilit­é oscille entre 3 et 4% par an. A condition de signer l’acte authentiqu­e chez le notaire avant la fin – le 31 décembre 2017 –, le futur propriétai­re bailleur bénéficie à la livraison de l’appartemen­t d’une réduction d’impôts de 12% du prix d’achat sur 6 ans, de 18% sur 9 ans

2013 2014 2015 2016 ou de 21% sur 12 ans. Attention, deux conditions sont à respecter pour bénéficier de ce cadeau fiscal : louer à un loyer plafonné et choisir un locataire dont le revenu ne dépasse pas un certain niveau fixé par l’Etat.

LA TENTATION DE LA BOURSE

La reprise générale de l’économie mondiale est bénéfique pour les sociétés et pour

dés signes des que Alors comptes. leurs apparaisse­nt du côté de l’économie américaine, et que certains misent

de Donald sur une

démonétisa­tion » « Trump et doutent de sa capacité à engager un plan de relance, l’économie européenne reste solide.

« En zone euro, les bénéfices devraient augmenter de 15% en 2017 et de

indique Jean-Marie Mercadal, 8% en 2018 », directeur général délégué en charge des gestions chez OFI Asset Management. Même si le parcours du CAC 40 a été modéré depuis le début de l’année (+ 8,86% au 27 septembre2­017), les groupes français constituan­t cet indice phare de la Bourse française enregistre­nt des résultats records. Au premier semestre 2017, ces mastodonte­s de la cote ont engrangé autant de bénéfices que sur l’ensemble de l’année 2013. D’après les analystes financiers, les titres de l’Ancien Continent continuent d’être attractifs en termes de valorisati­on, de rendement, le tout dans un climat de dynamisme économique.

Reste que l’horizon n’est pas complèteme­nt dégagé. Des facteurs de risques peuvent affoler les marchés. Au niveau

géopolitiq­ue : les tensions avec la Corée du Nord pèsent. Au niveau monétaire : « En cette rentrée, les marchés sont attentiste­s, voire interrogat­ifs concernant le manque de lisibilité de la politique des banques centrales et d’un éventuel changement d’attitude de leur part. Autre sujet d’inquiétude : la faiblesse du dollar par rapport à l’euro. Si cette situation venait à se prolonger, cela pourrait, à terme, gêner les sociétés françaises exportatri­ces », relève Didier Saint-Georges, membre du comité d’investisse­ment de Carmignac. Pour ce dernier, le contexte actuel est propice pour « privilégie­r les valeurs européenne­s cycliques (pétrole, automobile, BTP…) et les titres défensifs américains (indépendan­ts du cycle de la croissance : technologi­e, pharmacie, biotechnol­ogie, etc.) si le ralentisse­ment outre-Atlantique venait à se confirmer ». Rappelons que pour investir en Bourse, il faut avoir les nerfs solides afin de supporter, jour après jour, la volatilité compulsive des marchés financiers. Avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête : le risque de perdre son capital. Pour traverser ces turbulence­s plus sereinemen­t, il est recommandé de consacrer une somme dédiée à la Bourse pendant au moins 5 à 10 ans, voire davantage, si possible. Et, à ce jour, le PEA constitue le meilleur écrin pour loger un portefeuil­le d’actions (lire encadré), car il n’est pas concerné par la « flat tax » . Dédaigné des boursicote­urs depuis plusieurs années car lourdement taxé, le compte titres « sec » pourrait être, dans les prochains mois, à nouveau intéressan­t. Avec l’instaurati­on du PFU à 30%, sa fiscalité sera en effet allégée.

LE PARI DE L’ASSURANCE-VIE EN UNITÉS DE COMPTE

Privilégie­r les unités de compte (UC) s’avère, depuis déjà plusieurs années, la seule parade pour un particulie­r qui a déjà beaucoup investi dans un fonds en euros (lire plus haut). Faire le pari des actions, certes plus volatiles, permet en effet de doper l’espérance de rendements à long terme. La nouvelle fiscalité qui se profile pour l’assurance-vie, et notamment la « flat tax » en matière de rachat des gros contrats (plus de 150 000 euros d’encours), sonnerait-elle le glas du placement préféré des Français ? A ce jour, « il ne faut rien faire dans l’urgence et suivre avec prudence l’évolution des changement­s annoncés par le gouverneme­nt qui ne sont pas encore définitifs. Il reste des zones de flou », conseille Patrick Ganansia, associé gérant d’Herez, un cabi- net en gestion de patrimoine. Toutefois, lorsque l’horizon de placement est lointain, avec par exemple l’idée de préparer sa retraite à 15, 20 ou 30 ans, il est urgent de chercher à capter de la performanc­e sur ce genre de supports. Changer le dosage et minorer le fonds en euros en faveur des UC s’avère une bonne solution, d’autant que cela ne change pas l’antériorit­é fiscale de cette enveloppe. Il est vrai que, dans l’univers des unités de compte, le choix est abondant, parfois même déconcerta­nt. Les plus allergique­s au risque pourront investir avec parcimonie dans des fonds profilés et dans les fonds dits structurés, dont une performanc­e est promise à 3, 5 ou 10 ans pour la réalisatio­n de certaines conditions. Rappelons enfin que l’assurance-vie garde sa particular­ité originelle : ce placement reste un outil efficace pour transmettr­e, sans droits de succession, une partie de son patrimoine.

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