À L’OUEST DU JOURDAIN PAR AMOS GITAÏ
Documentaire israélien (1h24).
Depuis sa diffusion, à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, le documentaire d’Amos Gitaï provoque l’ire de certains commentateurs israéliens. Un tel plaidoyer pour la paix dérange forcément les va-t-en-guerre. Caméra à l’épaule, le cinéaste de « Kadosh » et de « Kippour » s’est rendu en Cisjordanie afin de rencontrer tous ceux, Israéliens et Palestiniens mêlés, qui veulent croire encore à la réconciliation. Que ce soit dans des associations qui dénoncent les exactions de la police et de l’armée (B’Tselem, Breaking the Silence, Forum des Familles) ou même pendant un tournoi oecuménique de backgammon. Un film clairement subjectif et ouvertement engagé, où l’on entend, au milieu de ce choeur d’anonymes, la voix spectrale d’Yitzhak Rabin, la colère glaçante de la ministre israélienne des Affaires étrangères, qui bannit le mot « occupation », le cri d’alarme de l’éditorialiste de « Haaretz », pour qui, si rien ne change, son pays est condamné au « suicide ». Et surtout le témoignage exemplaire d’une Israélienne de 32 ans installée en Cisjordanie et poignardée par un Palestinien alors qu’elle était enceinte, qui veut désormais agir pour la concorde et refuse courageusement de renoncer à l’espérance. « Il y a eu assez de haine, dit-elle, depuis Caïn et Abel, et la haine n’a pas fait avancer le monde. » Extrémistes, s’abstenir. Les autres, courez-y.