L'Obs

Excellente­s fourberies!

LES FOURBERIES DE SCAPIN, DE MOLIÈRE. COMÉDIE-FRANÇAISE, PARIS-1ER, 01-44-58-15-15, EN ALTERNANCE. JUSQU’AU 11 FÉVRIER 2018.

- JACQUES NERSON

Si Eric Ruf n’avait, le soir de la première, interrompu les applaudiss­ements pour rendre hommage à Gisèle Casadesus, grande ancienne de la maison disparue la veille, il aurait fallu faire évacuer la salle pour les faire cesser. Tout mérite d’être salué : la mise en scène de Denis Podalydès, les costumes de Christian Lacroix, l’astucieux décor du même Eric Ruf (des palplanche­s évoquant le port de Naples) et ces acteurs comme Gilles David (Argante) et Didier Sandre (Géronte, hilarant) qui connaissen­t leur métier sur le bout des doigts. Mais c’est avant tout vers le jeune Benjamin Lavernhe (ci-dessous avec Gaël Kamilindi) que montaient les bravos. A croire qu’il avait rendez-vous avec Scapin pour exploser. On en a déjà vu, des Scapin! Et des bons : Daniel Auteuil dans la version de Jean-Pierre Vincent, Philippe Torreton, trop renfrogné peut-être dans celle Jean-Louis Benoît voici vingt ans sur ce même plateau, Arnaud Denis… Benjamin Lavernhe a sur eux l’avantage de conserver une paradoxale gentilless­e par-delà la canailleri­e. On ne peut pas dire que Denis Podalydès atténue les coups de bâton: chaque fois que Géronte met le nez hors du sac, il apparaît plus ensanglant­é. N’empêche qu’on rit. Comme on rit des pièges tendus au loup Ysengrin par le goupil du « Roman de Renart ». La gaieté de Scapin ne retire pas l’amertume de la farce mais la rend délicieuse. C’est la belle humeur de cet ancêtre de Guignol qui nous met en liesse.

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