L'Obs

8 leçons de séduction

Durant la fashion week parisienne, chaque créateur a présenté sa vision de la femme moderne. Parmi ses huit archétypes, Sophie Fontanel lit les contours de la séductrice moderne

- Par SOPHIE FONTANEL

LA PACIFISTE

« J’ai le képi du légionnair­e, les tons sable de ses nippes, mais je suis passée par le cerveau de Guillaume Henry chez Nina Ricci, donc je ne suis que douceur. Oublie le képi fatal du “Dernier Tango à Paris”, ici, il n’y a aucune ironie, juste une façon de montrer que les Amazones font la paix au lieu de faire la guerre. Mes habits n’entravent aucun de mes mouvements. Tu ne me quitteras pas, je me tirerai. »

LA VIVANTE

« Je n’ai pas le droit de sourire aux photograph­es, mais à toi, je peux. Et j’ai un coin de lèvres qui se retrousse quand je te frôle. Je suis heureuse parce que je suis sexy en Isabel Marant, parce que tout le monde m’imite, parce que je suis la vie quand les autres sont parfois juste l’habit. »

LA CLASSE

« Même avec un bermushort en cuir blanc, une veste assortie et des escarpins dorés, je reste simple. En aucun cas je ne ressemble à quelqu’un qui se prépare pour une soirée à thème Elvis Presley. Parce que tout est coupé à merveille (normal, c’est Bottega Veneta). En plus, je sais “l’emporter”, comme on dit. Le blanc de mes vêtements ne se salira jamais. Je suis l’Audrey Hepburn des temps modernes. »

LA LIBRE

« Je ne veux m’encombrer de rien, mais je sais que, dans la vie, faut un certain bagage, ne serait-ce que culturel. Alors j’ai pris ma banane dans le dos, et je l’ai bien remplie. Au cas où tu ne t’en rendrais pas compte (tout le monde n’est pas cultivé), c’est à la fois moderne et antiquemen­t japonisant. C’est Prada. Mes mains sont libres et je peux caresser tes joues. Si tu vaux le coup. »

LA PARÉE

« Il ne pleut pas sur mon coeur, il ne pleut pas sur la ville, mais tout peut arriver d’une minute à l’autre. Alors j’ai mis mon ciré transparen­t Chanel. C’est surtout pour te dire que je ne me dissimule pas, je ne fais pas du “ghosting” (l’art de disparaîtr­e en pleine séduction) comme ces amoureux tristement modernes. Je suis là. Je t’attends. Oui, en dessous, c’est aussi un tailleur Chanel. Et sous le tailleur, à ton avis, qu’est-ce qu’il y a ? »

LA FANTASTIQU­E

« Je fais ce que je veux. Je vais dans les friperies et j’empile sur moi ce que je trouve, et ça me rend géniale. Non, toi, tu ne peux pas faire pareil, parce que toi tu ne sauras jamais attraper les bons trucs et bien les associer. Donc je te conseille d’étudier les looks Gucci, et de les apprendre comme des tables de multiplica­tion. Peu à peu, tu verras, ça rentre. »

LA MODERNE

« Tout ce que je porte, tout le monde le veut. Pourtant, ce n’est jamais portable par tout le monde. Va comprendre… C’est que j’ai un secret : je suis Acne Studios, et je sais exactement ce qui doit être souple et ce qui doit avoir de la tenue dans une silhouette. Si j’étais une phrase, je serais de Marguerite Duras : percutante et fondamenta­lement émouvante. »

LA FINE

« Je suis en et, comme lui, je suis passée de l’enfance à l’âge adulte. Mes jupes sont fendues et ma blouse tient par des lanières si fines que tu seras gentil de ne pas me bousculer. Je me bousculera­i toute seule en faisant la fête. Mais tu as le droit de compliment­er mes guiboles. Elles t’entendent, je leur ai bien dégagé les oreilles. »

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