LES RÉSEAUX WAUQUIEZ
Pour réussir à prendre la tête des Républicains en décembre, le patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a aussi la présidentielle de 2022 en ligne de mire, tente de corriger son image de solitaire. Et de soigner ses relations. Enquête
Débarquer sans carte de visite n’est pas la meilleure façon d’enrichir son carnet d’adresses. C’est pourtant ainsi qu’à l’été 2008 le jeune Laurent Wauquiez part à la conquête de l’Amérique. A 33 ans, l’élu de Haute-Loire est déjà membre du gouvernement Fillon, mais il voit beaucoup plus loin. A la convention démocrate de Denver, il vient assister au sacre d’Obama et nouer des contacts avec des élus américains. Sur place, il est accueilli par un homme d’influence, Alain Bauer, criminologue français dont les conseils sont prisés outre-Atlantique, qui possède un piedà-terre dans la ville. C’est chez lui que le secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi se confectionne à la hâte, sur un petit ordinateur et du papier épais, ses premières cartes de visite en anglais. Wauquiez connaissait déjà Bauer. En arrivant au gouvernement, il avait demandé à rencontrer l’ancien maître du Grand Orient de France, également ami de Sarkozy. Depuis, les deux hommes ont toujours gardé le contact et, avant l’été, ils partageaient encore un petit déjeuner pour parler sécurité et terrorisme. « Il est beaucoup plus complexe que l’image qu’il donne. Il est caricaturé, mais il aime bien ça », dit Bauer.
Entre-temps, le jeune homme a fait du chemin et collectionné les galons : ministre à plusieurs reprises, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes… Et bientôt chef des Républicains? Durant toutes ces années, il a étoffé son réseau. Mais, dans ce domaine, celui qui prépare sa candidature à l’Elysée en 2022 a encore du chemin à faire. La faute à son caractère, solitaire, sans empathie, voire brutal, disent ses détracteurs, qui soulignent qu’à la différence d’un Chirac ou d’un Sarkozy Wauquiez n’a pas de bande. Ce serait, assurent ses proches, parce que ce « vilain petit canard de l’élite bien-pensante » vit au Puy-en-Velay, loin de la vie mondaine parisienne. Il n’empêche, Laurent Wauquiez est désormais conscient que son avenir politique, national ou local, dépend de sa capacité à élargir son cercle de relations. « Il est en train de se constituer des réseaux », confirme l’ami Bauer. Revue de détail des piliers du système Wauquiez.
À MOI SARKOZY!
Dans son camp, l’homme à la parka rouge est connu pour sa propension à jouer des coudes et occuper la meilleure place sur la photo. Ironie de l’histoire : c’est en faisant l’inverse qu’il a d’abord cherché à se faire remarquer. Nous sommes en 2004 et Brice Hortefeux, le meilleur ami de Nicolas Sarkozy, tient meeting près du Puy-en-Velay. A la fin de son intervention, tous les notables du coin se précipitent sur scène, sauf un, scotché à son siège pour bien signifier qu’il n’est pas comme les autres. Le jeune homme est celui que Jacques Barrot, figure très respectée en Haute-Loire, a choisi pour lui succéder. L’Auvergnat Hortefeux repère vite cet ambitieux qui veut se rapprocher de Sarkozy : « S’il apprenait qu’il allait faire un déplacement à Chalon, il se levait à 4 heures du matin pour être dans le train avec lui. » C’est « Brice » qui présente le jeune « Laurent » à celui qui est alors ministre de l’Intérieur et favori pour la présidentielle. Il reste aujourd’hui son premier soutien en sarkozie. Il y a quelques semaines, Hortefeux a déjeuné avec Wauquiez et l’ancien président de la République. Tous les week-ends, il le taquine par SMS : « N’oublie pas de faire tes crêpes. » Allusion à une déclaration du député de Haute-Loire suivant laquelle le dimanche en famille était sacré, qu’il cuisinait des crêpes et que même si Obama l’appelait, il ne décrocherait pas…
A droite, Laurent Wauquiez est incontestablement le mieux placé pour récupérer l’héritage de Sarkozy. Il s’en inspire sur la forme et le fond, admire sa « capacité à briser les tabous ». Il agrège autour de lui les proches de l’ex-chef de l’Etat, comme le député de Nice Eric Ciotti ou l’ex-patron de la police Frédéric Péchenard. Il met en scène sa relation avec l’ancien président : « Ils s’appellent une fois par semaine, dînent ensemble une fois par mois », assure un de ses proches. Le 17 octobre dernier, il a été reçu à déjeuner rue de Miromesnil en présence de plusieurs élus sarkozystes du Sud comme Georges Fenech, Bernard Reynès ou Philippe Cochet. Une forme d’adoubement. Comme à chaque rendez-vous, l’ex-président lui a conseillé de « s’élargir », de « rassembler ».
Cette entente n’allait pourtant pas de soi : Sarkozy se méfiait de ce ministre pressé qui en 2012 lui avait grillé la politesse pour annoncer le sauvetage de l’usine Lejaby, puis qui avait critiqué
ses « réformettes ». Mais en 2014, lorsque l’ancien président revient pour conquérir son parti, il tope avec le député de HauteLoire, qui négocie le secrétariat général, un poste clé pour soigner ses relations avec les élus. Depuis, l’alliance tient, malgré tous les anti-Wauquiez venus réclamer sa tête dans le bureau de Sarkozy. Un bon connaisseur des Républicains met cependant en garde les cadres sarkozystes : « Beaucoup s’imaginent qu’avec Laurent président, ils vont récupérer le parti, qu’ils considèrent comme leur chose. Ils s’illusionnent. »
SENS COMMUN
Une bise à « Frigide » avant la messe. Le 8 septembre dernier, à l’entrée de la basilique de Fourvière, le gratin des élus lyonnais est accueilli par le cardinal Barbarin. L’ex-maire et désormais ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, un habitué, est là. Le président de la région, Laurent Wauquiez, aussi. Comme chaque année, la cérémonie du Voeu des échevins commémore cet épisode datant de 1643, quand les autorités politiques locales ont prêté allégeance au pouvoir religieux en demandant à la Vierge de les protéger de la peste. Etre présent, c’est choyer l’électorat catholique, puissant à Lyon. Wauquiez soigne les symboles, fait la bise à l’ex-figure de la Manif pour tous Frigide Barjot, qui n’est pourtant pas une intime. « Son attitude publique envers moi est toujours la même, c’est l’un des seuls », souligne cette dernière. Deux ans plus tôt, il avait déjà fait un détour pour l’embrasser. C’était le 2 novembre 2015 à Lyon, où le candidat aux régionales passait son grand oral devant la Manif pour tous. Sous les applaudissements, il avait redit son opposition à la loi Taubira, au nom des « valeurs », mais aussi son attachement à l’école privée, où étaient alors scolarisés ses deux enfants.
Dans sa famille politique, l’ex-maire du Puy-en-Velay a été l’un des premiers à choyer les anti-mariage homo et leur émanation politique, Sens commun. Ce n’était pas écrit : à Sciences-Po, il avait laissé à certains de ses camarades le souvenir d’un étudiant vaguement social-démocrate. En 2011-2012, lorsqu’à son cabinet de ministre, où les catholiques sont bien représentés, des notes remontent lui conseillant de s’opposer au projet de mariage homosexuel, elles restent plusieurs semaines dans les tiroirs. Preuve que Wauquiez hésite à s’emparer de ce sujet sensible. Jusqu’à ce que le 13 janvier 2013 il s’affiche, un autocollant « un papa et une maman » sur sa parka rouge, au défilé parisien de la Manif pour tous. Sa première manifestation en tant qu’élu.
« Il a compris très tôt que Sens commun était une caisse de résonance qu’il pouvait utiliser, explique un ancien du mouvement. Il s’appuie sur ces réseaux qui sont très militants. Cela lui a servi aux régionales car, après Paris, le plus gros bataillon régional de la Manif pour tous est à Lyon. Et il a vu lors de la primaire de la droite qu’il y avait un réservoir de voix puissant dans la Manif pour tous. » Un socialiste lyonnais renchérit : « Wauquiez a beaucoup plus misé sur les réseaux cathos que sur les réseaux francs-maçons. Lyon est une ville très Grand Orient de France, qui ne se retrouve pas chez lui. Lorsqu’il a fait une tenue blanche fermée [réunion maçonnique à laquelle un profane est invité, NDLR] à la CroixRousse, juste après son élection, il a été chahuté par quelques frères. » Il faut dire que le nouveau président a fait installer dans son hôtel de région une crèche de Noël, jugée illégale par le tribunal administratif. Il a augmenté les subventions à l’enseignement privé. Dans sa majorité, il compte une élue de Sens commun, Anne Lorne, aux positions ouvertement anti-LGBT. A Paris, il s’est rapproché de Madeleine Bazin de Jessey, égérie de la Manif pour tous, dont le frère a été stagiaire dans son cabinet, au ministère de l’Emploi. « A une époque, elle ne jurait plus que par lui. Laurent par-ci, Laurent par-là… » raconte un ancien de Sens commun. Mais, selon cette dernière, leur dernier tête-àtête remonterait à janvier 2016. Mi-octobre, le candidat à la présidence de LR avait prévu d’assister à l’université de rentrée de Sens commun… Avant de se décommander in extremis, à cause de la main tendue du président du mouvement, Christophe Billan, à Marion Maréchal-Le Pen. Trop compromettant.
L’air de rien, Wauquiez modifie d’ailleurs son discours : il ne veut plus revenir sur le mariage gay mais réformer la filiation. « Il a un peu levé le pied sur ces sujets, raconte un de ses vieux amis, homosexuel. Lors d’une émission du “Grand Jury” RTL, il a même cité les familles homoparentales comme étant une forme de famille. A la fin, il m’a dit : “Tu vois, j’en ai parlé pour toi!” » D’après ses proches, Wauquiez est conscient d’un risque : se retrouver enfermé dans l’image du candidat réac, otage de Sens commun. D’où la présence à ses côtés de la juppéiste Virginie Calmels, favorable à l’adoption par les couples de même sexe. « Wauquiez a besoin de Sens commun pour gagner le parti, explique un proche. Mais à la présidentielle, tu ne rassembles pas 51% des Français sur un conservatisme sociétal excessif. »
LA CARTE RÉGIONALE
Le 3 juillet dernier, à La Sucrière, haut lieu culturel de Lyon, Laurent Wauquiez n’est pas peu fier : Laurent Solly, un ex-« sarko-boy » devenu directeur général de la filiale française de Facebook, a fait le déplacement pour annoncer un grand partenariat avec la région. En Auvergne-Rhône-Alpes, le géant du web va offrir une bourse aux emplois mais aussi des formations pour les PME et les élus. « L’incroyable cadeau de Laurent Wauquiez à Facebook », titre le magazine « Lyon Capitale », qui souligne que l’entreprise veut justement se positionner sur ce marché des offres de jobs. Chez Facebook, on souligne que l’initiative n’est pas commerciale (le bénéficiaire du contrat est la start-up Work 4, dont Facebook est partenaire). On est loin, malgré tout, de la préférence régionale tant vantée par le président de région… Qu’importe. « Wauquiez montre qu’il est capable de faire venir Facebook, ça lui permet de briller », décrypte un observateur local.
Président d’une région de 7,8 millions d’habitants et de 3,7 milliards de budget, le probable futur chef des Républicains dispose aujourd’hui d’une belle vitrine. Et de leviers pour soigner les milieux politiques et économiques. Pour les premiers, il s’appuie sur deux hommes de l’ombre : Arnaud Beuron, son conseiller à ses côtés depuis dix ans, et Ange Sitbon, un spécialiste de la
“SON ATTITUDE PUBLIQUE ENVERS MOI EST TOUJOURS LA MÊME, C’EST L’UN DES SEULS.” FRIGIDE BARJOT
carte électorale débauché à l’UMP pour en faire son délégué général aux relations avec les élus. Dans les couloirs du conseil régional, ce dernier est désormais présenté comme « l’éminence grise » et « la plaque tournante des subventions », puisque les demandes remontent à son niveau. Dans sa région, Wauquiez le mal-aimé peut se targuer d’avoir obtenu le parrainage de presque tous les parlementaires. Et il a bien sûr le soutien de sa mère, Eliane Wauquiez-Motte, qui est aussi la maire du Chambon-sur-Lignon, haut lieu de la Résistance.
A Paris, Wauquiez, issu d’une famille d’industriels et qui a fréquenté les meilleures écoles, disposait déjà de solides relais dans le monde économique. Le banquier Emmanuel Goldstein, qui fut son prof à Sciences-Po, est l’un de ses amis et lui présente des chefs d’entreprise « pour parfaire sa culture économique ». André François-Poncet, financier, ancien patron de Morgan Stanley et de BC Partners en France, lui a ouvert son carnet d’adresses. Pendant la campagne Fillon, Wauquiez s’est aussi rapproché d’Henri de Castries, l’ex-PDG d’Axa. Mais, pour partir à la conquête de Rhône-Alpes, il a misé sur le tissu local. « Il s’est appuyé sur les réseaux socioprofessionnels : présidents de chambre des métiers, d’agriculture, de la fédération régionale du bâtiment. Il a mis ces lobbys complètement en place », dénonce l’ancien président PS de la région Jean-Jack Queyranne. Pour codiriger avec lui l’agence de développement économique régionale, Wauquiez a fait appel au puissant patron de Michelin, Jean-Dominique Senard. Au sein du patronat lyonnais, plutôt réservé à son égard au départ, il peut compter sur un autre homme d’influence, Olivier Ginon, le patron du géant de l’événementiel GL Events, également principal actionnaire du club de rugby de Lyon, qui assistait à ses voeux en janvier dernier.
Des réticences demeurent pourtant. « Le monde économique à Lyon est un peu plus séduit qu’avant mais ceux qui savent placer leurs billes sont chez Collomb et Macron, explique un observateur local. Certains patrons ont peur de s’afficher avec Wauquiez : si un jour il tend la main à Marion Maréchal-Le Pen, ça la fiche mal. Etant donné le passé dans cette région [en 1998, Charles Millon a été élu président avec les voix des élus Front national], il y a un traumatisme. » Le candidat à la présidence de LR a beau le répéter – jamais il ne fera d’alliance –, le soupçon lui colle à la peau jusque dans son camp.
LES PENSEURS CONSERVATEURS
Ce 11 octobre, au siège des Républicains, Wauquiez est comme un poisson dans l’eau. Pour la première fois, il assiste aux « ateliers de la refondation » organisés par son parti. Il faut dire que le thème sied à merveille à celui qui appelle son camp à ne plus baisser la tête : « Pourquoi la droite a-t-elle tant de mal à s’assumer ? » A la tribune, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, auteur d’un essai sur « le Multiculturalisme comme religion politique », explique que la droite se laisse piéger par le concept de droitisation imposé par la gauche. Wauquiez boit du petit-lait, lui donne du « Mathieu », assure à son tour que « la diversité ou le multiculturalisme » ne sont « pas une promesse d’espérance pour la France ». Il n’a rencontré l’intervenant canadien que quelques heures plus tôt, lors d’un déjeuner organisé à son initiative avec des élus.
Dans cette campagne, l’énarque et normalien lit, rencontre et discute avec les intellectuels. Et il veut que cela se sache. Il a invité Marcel Gauchet à exposer son livre, « Comprendre le malheur français », devant quelques élus à l’Assemblée, échange avec le philosophe versaillais prisé de la Manif pour tous François-Xavier Bellamy, reprend au géographe Christophe Guilluy sa formule sur « la France périphérique » dans ses discours, appelle le journaliste Alexandre Devecchio pour le féliciter d’une de ses tribunes sur la jeunesse conservatrice publiée sur le site FigaroVox. Au contact ou à la lecture des uns et des autres, l’agrégé d’histoire nourrit son discours sur les valeurs, l’identité française menacée par le multiculturalisme, le refus d’un discours uniquement centré sur l’économie. « Il essaie de faire l’éponge avec le milieu intellectuel, il a lancé des filets », confirme Hortefeux. « Il a eu l’intelligence de comprendre qu’il se passe quelque chose, que les paradigmes changent, que la droite ne peut pas rester sur le discours techno-européen auquel elle s’était convertie depuis Giscard », assure un autre de ses amis, l’essayiste Camille Pascal. L’historien, ancien collaborateur de Sarkozy, connaît bien Wauquiez, qui fut son élève à la Sorbonne dans un cours consacré à « la culture matérielle sous l’Ancien Régime ». Les deux hommes se sont retrouvés quand l’un était ministre de Sarkozy et l’autre son conseiller à l’Elysée. Ils se parlent régulièrement, et Pascal voit aujourd’hui son ami comme le parfait « anti-Macron ».
Durant les années Sarkozy, Wauquiez avait fréquenté un autre penseur de la droite, alors conseiller du prince : Patrick Buisson, qu’il rencontre à l’hiver 2007 et voit à plusieurs reprises pendant le quinquennat. « Sa conversion intellectuelle s’est jouée à ce moment-là », assure un de ses anciens collaborateurs. Présenté comme l’héritier du démocrate-chrétien Barrot, le jeune loup devient eurosceptique et dénonce « le cancer de l’assistanat ». L’ancien patron de « Minute », qui mise sur cet élu prometteur, lui conseille de creuser le sillon d’une droite identitaire. C’est dans sa ville du Puy-en-Velay qu’il organise en 2011 un déplacement présidentiel pour vanter la France éternelle des cathédrales. Mais l’affaire des enregistrements volés est passée par là. Officiellement, Wauquiez ne voit plus aujourd’hui l’intellectuel maurrassien. Le 16 mai dernier, juste après l’élection d’Emmanuel Macron, Buisson citait pourtant encore son nom lors d’une conférence organisée à Versailles devant le mouvement des Veilleurs. Il saluait le seul ministre de Sarkozy à avoir défilé contre le mariage homo. « Sur le papier, le conservatisme a tout pour être la force alternative des années qui viennent », assurait le patron de la chaîne Histoire. Devant l’assistance, il appelait aussi la droite à « mettre fin à ce fameux front républicain, piège tendu par la gauche ». Coïncidence? C’est justement la position qu’avait défendue son ancien poulain, quelques semaines auparavant, le 24 avril, lors du bureau politique des Républicains au lendemain du premier tour de la présidentielle. Wauquiez avait alors plaidé, avec succès, pour ne pas appeler ouvertement à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.
“IL ESSAIE DE FAIRE L’ÉPONGE AVEC LE MILIEU INTELLECTUEL, IL A LANCÉ DES FILETS.” BRICE HORTEFEUX