L'Obs

On en parle Focal, l’anti-start-up du son

Au milieu des géants du marché de l’audio, une entreprise française opte pour une politique sans concession­s : l’artisanat, la précision et l’absence de gadgets

- Par BORIS MANENTI

Aujourd’hui, vous allez voir de vrais gens qui font de vrais produits. » Sébastien Dumas, le directeur marque et communicat­ion de Focal, le martèle d’entrée : sa société est aux antipodes de ses concurrent­s du marché de l’audio. Ainsi, son immense siège de Saint-Etienne est une antithèse du fameux « esprit start-up » : ici, pas de coussin fluo, de baby-foot ni de mobilier design, mais une machine à café capricieus­e et des tableaux de liège a chant les infos du CHSCT. «Bienvenue dans une PME de province », clame fièrement le dircom. Une PME de 200 salariés qui s’est imposée comme un des leaders de l’audio haut de gamme, d’abord avec ses enceintes, puis avec ses casques, dont l’explosion des ventes il y a cinq ans a profité à Focal. Elle propose à présent une gamme large, allant des petits écouteurs à 69 € jusqu’au luxueux casque à 4000 €. De quoi venir bousculer les géants américains Beats, Bose ou JBL.

Créé il y a trente-huit ans par Jacques Mahul, Focal a rapidement comblé les audiophile­s par la qualité de ses enceintes. Son secret? Une fabricatio­n artisanale. L’entreprise préfère, en e et, confection­ner ses composants, plutôt que de se fournir chez des revendeurs asiatiques. Ainsi, les locaux stéphanois abritent plusieurs chaînes de « lean production », où sont assemblés les composants du produit, avant un test qualité, puis l’emballage. « Quand nos concurrent­s se concentren­t sur l’électroniq­ue pour corriger les défauts de sons, nous

maîtrisons parfaiteme­nt tous les composants pour les adapter parfaiteme­nt à l’usage final », assure Sébastien Dumas. La finesse et la qualité du travail impression­nent, à l’image de la dernière chaîne de montage mise en place, installée derrière de grandes parois de verre. Dans un environnem­ent presque stérile, six personnes manipulent délicateme­nt de minuscules éléments, dont certains en béryllium, ce métal cinquante fois plus cher que l’or, léger comme une plume et hyperrésis­tant.

En bout de chaîne apparaît le nouveau Clear, un casque pour la maison à 1 500 €. Il se révèle doté de longs câbles. Pas de Bluetooth? « Personne ne sait produire un vrai son haute définition sans fil », nous expliquet-on. Pourtant, sous l’impulsion des fabricants de smartphone­s qui suppriment le port jack, le marché des casques Bluetooth a che une hausse de 23%, selon l’institut d’études GfK. L’entreprise stéphanois­e compte, elle, sur son Listen (photo), vendu 249 €. Là encore, on ne retrouve pas la dernière option à la mode: le noise-cancelling, qui promet d’isoler complèteme­nt le porteur en supprimant les bruits ambiants. « Nous, on ne triche pas, tranche Sébastien Dumas. Cette compensati­on électroniq­ue di use des fréquences opposées au bruit extérieur et peut altérer le son. Notre métier consiste à reproduire la musique avec honnêteté. » Focal préfère le respect du son et de ses valeurs. Christophe Sicaud, le PDG, résume: « On est condamné à être malin, pour faire mieux avec moins de moyens. » Et ça marche: l’entreprise pèse 85millions d’euros, trois fois plus qu’en 2010.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France