Le téléphone rouge
C’est un coup de téléphone surréaliste que raconte Gaspard Gantzer, l’ancien conseiller en communication de François Hollande, dans le livre qu’il publie cette semaine, « La politique est un sport de combat » (Fayard), où il revient sur ses trois ans à l’Elysée. Nous sommes le 11 novembre 2016, il est 16 heures, et « le moment tant redouté est arrivé » : le premier appel du président Donald Trump à son homologue français. « I love France, I love Paris,
I love your wine, I love… », entame le nouvel élu. Hollande le coupe pour parler de la Syrie ou du climat. « Il a droit à un “Everything you
want” [tout ce que vous voulez], ponctué d’un “yeahhh” de bon aloi », écrit Gantzer, selon lequel « la conversation se termine en apothéose surréaliste. Trump demande trois fois au président s’il a des conseils à lui donner pour la formation de son gouvernement et le recrutement de ses collaborateurs : “You know many great Americans. And you are one of the greatest leaders in the world… Could you help me with the recruiting of my new sta ? I need recommendations [Vous connaissez de nombreuses grandes personnalités américaines, vous êtes un des plus grands leaders de la planète, pouvez-vous m’aider à recruter mon équipe, j’ai besoin de recommandations]” ». « Il se moque tellement de nous que c’en devient drôle, poursuit le communicant. Et comme François Hollande ne lui répond pas, il commence à lister un certain nombre de personnes, en demandant son avis au président, qui se garde bien de lui dire ce qu’il en pense ». « Thank you so much, François », conclut Trump tandis que Hollande, une fois raccroché, se tourne en riant vers ses collaborateurs : « Il est quand même… »