Vahram Muratyan
L’artiste, révélé par son livre “Paris versus New York”, revisite le mythique sac Pliage de Longchamp en s’inspirant des origamis japonais
QUI EST-IL ?
Le petit livre jaune « Paris versus New York », déclinant graphiquement les symboles opposant deux capitales – la baguette contre le bagle notamment –, c’était lui. Impossible toutefois de réduire Vahram Muratyan, 37 ans, à sa fonction d’illustrateur. Il est également directeur de création, artiste, graphiste, documentariste… L’intéressé avance dans la vie avec une obsession: « Ne jamais se répéter. » Ainsi, quand la maison Longchamp, qui a déjà collaboré avec des pointures comme Sarah Morris, lui a proposé de revisiter le sac Pliage, il n’a pas hésité. En rentrant d’un de ses nombreux voyages au Japon, il a eu l’idée de s’inspirer des origamis et de faire un jeu de typographie avec des noms de ville. « Je ne voulais pas faire un sac pour touristes, que les Parisiennes ou les Parisiens ne porteraient pas. J’ai donc cherché une idée forte. J’ai lâché l’ordinateur pour revenir à la matière en coupant des carrés de papier accrochés avec du scotch. Nous voulions quelque chose d’audacieux. »
D’OÙ VIENT-IL ?
Vahram Muratyan grandit dans les années 1980 à Saint-Germain-en-Laye, « une ville plus conservatrice qu’artistique ». Arménien originaire de Turquie, il revient souvent dans ce pays et part plusieurs fois aux Etats-Unis. Tout petit, il se passionne déjà pour le dessin. « A 8 ans, j’ai été opéré d’un oeil. Au lieu de lettres, mon père, vendeur d’espace publicitaire, a créé des petits logos représentant par exemple un chien ou une ampoule pour ma rééducation. C’est peut-être de là que vient ma passion. Enfant, je voulais déjà être graphiste. » Après son bac, Vahram Muratyan intègre l’école d’arts graphiques Penninghen, où il sera ensuite professeur pendant cinq ans. « J’ai eu la chance inouïe que mes parents soutiennent mon côté artistique moralement et financièrement. En arrivant, j’étais comme à Poudlard, l’école de sorciers d’Harry Potter, enfin entouré de gens ayant la même approche artistique. » Devenu designer free-lance, il décide de s’installer à New York à 30 ans et lance le blog qui deviendra son livre.
QUE FAIT-IL ?
« J’essaie de rester curieux, j’ai peur de l’ennui. » Le jeune homme au look sobre et soigné multiplie les projets. Depuis sa collaboration avec Longchamp, il prépare un nouveau livre et un documentaire. « Il y a beaucoup de ponts entre les arts. Je suis inspiré par la musique, l’opéra, l’abstrait, les oeuvres des Romantiques comme Bonnard. » Il partira prochainement s’installer un mois à Tokyo où il sera un « travailleur nomade », ni touriste ni local, et concède que c’est une façon de vivre générationnelle. « Je suis un millennial, nous appliquons cette idée des bureaux décloisonnés. Mais il faut savoir où est sa maison. La mienne est à Paris. » Il s’amuse du fait que beaucoup de gens idéalisent sa vie à travers les réseaux sociaux, mais avoue passer surtout beaucoup de temps coincé derrière un écran. Deux fois par semaine, il suit des cours d’histoire à l’Ecole du Louvre. De quoi l’inspirer pour de nouvelles aventures graphiques.