DOUBLE ASSASSINAT DE BASTIA : LE MYSTÈRE DE LA VOITURE SOMBRE
Il est un peu plus de 11 heures, le 5 décembre dernier, quand une fusillade éclate sur le parking de l’aéroport de Bastia. Antoine Quilichini, dit « Tony le Boucher », est tué sur le coup d’une balle dans la tête. Jean-Luc Codaccioni, grièvement blessé, meurt quelques jours plus tard à l’hôpital. Voilà des années que les anciens barons de la Brise de Mer et leurs lieutenants s’entretuent. Les deux hommes assassinés à Bastia sont considérés comme des proches de Jean-Luc Germani, ex-chef du gang, aujourd’hui en guerre avec le clan Mariani. Une voiture sombre, une Golf noire récente, d’après les premiers signalements, quitte l’aéroport avec le ou les tireurs à son bord. L’alerte est immédiatement donnée à toutes les autorités de l’île. A quelques kilomètres de l’aéroport, des policiers de la BRI (brigade de recherche et d’intervention) sursautent en apprenant la nouvelle. Depuis plusieurs jours, leur unité est chargée d’un tout autre dossier : le démantèlement d’un vaste trafic de cannabis dans le nord de la Corse. Mais la veille, le 4 décembre, alors qu’ils étaient en planque devant un hangar des faubourgs de Bastia suspecté d’abriter de la drogue, une Golf noire avait démarré en trombe sous leurs yeux, à 16h04. Impossible de la suivre ou de relever la plaque d’immatriculation. S’agit-il de la même voiture que celle utilisée par les tueurs de l’aéroport ? Les protagonistes de l’affaire de stups sont-ils les mêmes que ceux du double assassinat ? L’enquête le déterminera. D’après nos informations, quelques heures après les meurtres, non loin de Bastia, une Golf sombre a été retrouvée calcinée. Des rapprochements sont en cours entre le dossier de racket impliquant Jacques Mariani, celui des assassinats et celui de trafic de drogue dans lequel une dizaine de personnes ont été mises en examen puis incarcérées, dont les frères Guazzeli. Ces derniers sont proches de Jacques Mariani. Ils sont eux aussi les fils d’un ancien baron de la Brise de Mer, Francis Guazzeli, abattu en 2009, peu de temps après Francis Mariani, le père de Jacques. Pour parvenir à faire un lien entre les différents dossiers, les enquêteurs vont devoir déterminer si le propriétaire du hangar, S., n’a pas aidé les tueurs à quitter la Corse dans l’après-midi suivant la tuerie. En le filochant, l’après-midi du 5 décembre, ils ont observé un étrange ballet : S. récupère devant un magasin de bricolage du nord de Bastia deux hommes vêtus de noir, qu’il dépose ensuite au port; et l’un des deux au moins quitte l’île à bord d’un bateau de la Méridionale. Interpellé quelques jours plus tard, le 12 décembre, terré dans un hôtel près de Marseille, ce dernier n’a pour le moment été interrogé que dans le dossier des stupéfiants. Il a nié, avec énergie, être mêlé au double assassinat de l’aéroport.