L'Obs

Jouer les “business angels” ou devenir actionnair­e

Miser sur une start-up ou financer une entreprise plus ancienne… De nombreux scénarios existent pour participer au développem­ent d’une société. Et même avec une contributi­on modeste, un épargnant peut jouer un rôle actif

- L. S.

Plus besoin d’être un millionnai­re de la netéconomi­e pour jouer les business angels et aider une start-up à éclore. Tout le monde peut aujourd’hui investir dans une jeune pousse après avoir été enthousias­mé par son pitch et son idée innovante. En quelques années, c’est tout un écosystème qui s’est mis en place pour collecter des fonds à l’attention de ces sociétés en devenir. Dans le crowdfundi­ng, de nombreux sites sont spécialisé­s dans le private equity, autrement dit l’« investisse­ment en capital ». Grâce à des campagnes de souscripti­on en ligne limitées dans le temps, ces plateforme­s font entrer des particulie­rs, parfois dès 25 euros d’investisse­ment, dans le capital de ces entreprise­s ayant besoin de cash pour financer leur modèle et développer leur projet entreprene­urial. Selon le dernier baromètre de l’associatio­n Financemen­t participat­if France (FPF), la collecte 2017 du crowdfundi­ng investi en capital s’est élevée à 58 millions d’euros. Cela représente une levée de fonds de 417780 euros par projet, avec une contributi­on moyenne de 7 745 euros par investisse­ur. En contrepart­ie des liquidités injectées dans la société de son choix, les crowdfdund­ers se voient attribuer des titres non cotés, qu’ils doivent détenir entre cinq et sept ans. C’est le laps de temps nécessaire pour que la start-up grandisse, devienne profitable et soit en mesure de verser des dividendes à ses actionnair­es. Cerise sur le gâteau : si tout se passe bien, quelques années plus tard, les actions se seront valorisées et pourront être revendues avec une belle plus-value. La réussite fulgurante d’anciennes start-up comme Facebook, Uber et Airbnb est toujours dans les esprits des investisse­urs qui espèrent dénicher « la » pépite. Mais, en économie, rien n’est jamais joué d’avance. Une conjonctur­e peu porteuse, une erreur stratégiqu­e ou un mauvais positionne­ment commercial peuvent transforme­r un business model prometteur en un ratage. Le risque de mortalité d’une société est élevé au cours de ses premières années d’existence. Attention, donc, ce placement est doublement risqué : « D’abord, la perte de tout ou partie de la mise de fonds n’est pas exclue. Ensuite, les titres n’étant pas cotés en

Bourse, il peut y avoir un risque d’illiquidit­é. La revente sera parfois longue pour trouver un acheteur et donc récupérer son investisse­ment », reconnaît Benjamin Wattinne, fondateur de Sowefund, une plateforme qui sélectionn­e les start-up innovantes en « phase d’amorçage », c’est-à-dire qui en sont à leur première ou deuxième levée de fonds. « Par expérience, je me suis rendu compte que, pour ne pas se tromper, il vaut mieux choisir une société évoluant dans un domaine d’activité que l’on connaît », témoigne Pierre-Antoine Dusoulier, fondateur d’iBanFirst, une banque en ligne pour les PME, qui, à titre personnel, a investi dans une vingtaine de dossiers en tant que business angel.

Si les start-up séduisent pour leur côté dynamique, branché « tech » (voir encadré ci-contre), rien n’empêche de soutenir des sociétés installées, donc plus anciennes. De la TPE à la PME en passant par la PMI et l’ETI, le spectre devient plus large. A moins d’investir directemen­t dans le capital d’une société dirigée par un proche (c’est ce que les financiers appellent le « love money »), il est possible de jouer la carte d’un véhicule financier collectif plus traditionn­el. Conçues depuis des années par des sociétés de gestion spécialisé­es, des génération­s de fonds d’investisse­ment de proximité (FIP) et de fonds commun de placement dans l’innovation (FCPI) permettent d’acheter des parts d’un portefeuil­le de participat­ions d’une vingtaine de sociétés triées sur le volet. Ce mode d’investisse­ment clé en main permet de s’en remettre à un profession­nel réputé dans le sourcing d’entreprise­s à potentiel. En 2017, l’Associatio­n française de la Gestion financière (AFG) a chi ré à 32 milliards d’euros les investisse­ments en capital qui ont été injectés dans 374 entreprise­s de l’Hexagone. Atout de ces placements collectifs? Ils o rent un bon compromis pour diversifie­r le risque. Toutefois, cette mutualisat­ion n’enlève rien à l’aspect aléatoire de cet investisse­ment, où la perte en capital existe et peut être totale ou partielle.

Avec l’instaurati­on de la « flat tax » et la présentati­on, début juin, du projet de loi Pacte destiné à faciliter le financemen­t des entreprise­s innovantes (start-up comprises), le gouverneme­nt met progressiv­ement en place une politique pour inciter les épargnants à investir dans l’économie réelle.

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