L'Obs

Acheter des vignes

L’investisse­ment dans la vigne séduit. Si le ticket d’entrée pour devenir propriétai­re d’un domaine est élevé, le particulie­r peut se tourner vers des placements collectifs dédiés. Qui, eux, sont peu liquides…

- L. S.

Apprécier le vin et son univers jusqu’à investir dans un vignoble ? Il n’y a rien de plus grisant. Si cet achat plaisir vous titille, sachez que les chemins pour y accéder sont multiples. Le plus simple et le plus rapide consiste à acheter des parts d’un groupement foncier viticole (GFV). A la manière d’une SCPI en immobilier, ce produit financier collectif est investi dans un domaine géré par un vigneron exploitant disposant d’un fermage qui s’apparente à un bail à long terme. Au sein de cette structure, les investisse­urs se retrouvent entre 30 et 40. Le ticket d’entrée pour accéder à un GFV évolue, selon les sociétés, entre 15000 et 50000 euros. « Plus les vignes sont prestigieu­ses, plus la performanc­e est faible. Ainsi un grand cru de Bourgogne peut rapporter 0,5%, alors qu’un champagne peut servir 2% », souligne André Manière, président de Saint Vincent, une société qui, depuis sa création en 1994, a monté 42 GFV. Parfois, ces rendements sont versés soit en nature, soit en bouteilles directemen­t issues de la production du domaine. Pour donner du corps et de l’authentici­té à cet investisse­ment tangible, certaines sociétés de gestion organisent sur le domaine l’assemblée générale annuelle des associés.

Pour ceux qui veulent pousser le bouchon plus loin, l’achat en solo d’un domaine viticole est une autre étape. « Beaucoup d’acheteurs, ayant cédé leur société et désireux de changer de vie, choisissen­t de démarrer une nouvelle activité profession­nelle avec leur conjoint et leurs enfants. Ils décident de devenir vignerons et font alors l’acquisitio­n de vignes et de la maison qui va avec », explique Michel Veyrier, fondateur de Vinea Transactio­n, une société spécialisé­e dans la vente de vignobles. Selon les régions et les cépages, les écarts de prix des vignes sont énormes… et les espoirs de plus-value aussi (voir graphique). « Cela va de 20000 euros à 20 millions d’euros l’hectare. Le premier cas concerne 80% du vignoble français ; quant aux prix les plus élevés, ils concernent quelques appellatio­ns célèbres dans le Bordelais ou en Bourgogne », a rme Michel Veyrier. Une chose est sûre, pour se retrouver à la tête d’un domaine, mieux vaut disposer d’un budget d’au moins 1,5 à 2 millions d’euros. C’est le minimum pour s’o rir un mas provençal ou une gentilhomm­ière avec 10 à 15 hectares de vignes, une cave et des dépendance­s. « Ces bâtiments au départ sans occupation peuvent être utiles par la suite pour générer des sources de revenus complément­aires comme l’organisati­on de manifestat­ions (séminaires, mariages) ou l’activité de bed and breakfast », précise ce dernier.

La plus-value potentiell­e de cet investisse­ment dépendra à la fois de la qualité de la production du domaine, de l’écoulement des ventes et de la valorisati­on des terres sur la durée. Rappelons que, depuis des années, l’investisse­ment dans la vigne est réputé être un outil e cace en matière de donation et de succession de patrimoine. En e et, la loi autorise une exonératio­n de 75% des droits dans la limite de 101897 euros, puis un abattement de 50% au-delà de ce seuil. La détention de cet actif permet aussi au contribuab­le d’être partiellem­ent exonéré de l’impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI). Autant d’éléments permettant de joindre l’utile à l’agréable.

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