L'Obs

Star Wars, c’est mou

SOLO. A STAR WARS STORY, PAR RON HOWARD. FILM DE SF AMÉRICAIN, AVEC ALDEN EHRENREICH, WOODY HARRELSON, EMILIA CLARKE, DONALD GLOVER (2H15).

- NICOLAS SCHALLER

Et c’est reparti pour un tour de manège. N’espérez pas le grand huit, on est aux autos tamponneus­es. « Solo. A Star Wars Story » fait partie des spin-off de la saga « Star Wars », ces films sur les histoires qui sont parallèles au grand récit principal. Le précédent, « Rogue One », plutôt réussi, racontait la naissance des forces rebelles. « Solo » revient sur la jeunesse de Han Solo, le mercenaire cool immortalis­é par Harrison Ford, interprété ici par Alden Ehrenreich. Parmi les rumeurs entourant le film et sa genèse désastreus­e, qui a mené à l’éviction des réalisateu­rs Phil Lord et Chris Miller (« la Grande Aventure Lego »), remplacés au pied levé par Ron Howard (« Da Vinci Code »), celle selon laquelle la prestation de l’acteur posait problème ne se vérifie pas. Sans non plus être invalidée à l’écran. Ehrenreich convainc mollement et sourit tout le temps, l’air de dire « rien n’est grave », faute de comprendre ce qu’il fait là. Les dialogues n’aident pas: « On prendra un Starliner du statioport de Coronet. » Mais aussi : « A mon signal, noie l’admission et passe en bilatéral. » Ou encore : « Le coexial brut dérafiné devient instable. » Pas de spoilers! L’intrigue n’ayant pas grand intérêt, pourquoi s’embêter à la résumer au risque de gâcher la surprise aux fans. Ils seront contents d’assister à la rencontre de Han Solo avec le fidèle Chewbacca et avec son frère ennemi Lando Calrissian (Donald Glover, au charisme éteint), de découvrir comment il a hérité de son vaisseau, le fameux « Faucon Millenium », et seront rassurés de vérifier que c’est bien lui qui tire le premier. Fan service minimum.

Ni fun ni emballant, le film est noyé sous une musique assourdiss­ante. Il manque d’enjeux dramatique­s et surfe sans inspiratio­n sur le contexte géopolitiq­ue (héros exilés, régions pauvres exploitées pour leurs ressources naturelles par des corporatio­ns avides de profit). Woody Harrelson assure, Emilia Clarke (Daenerys dans « Game of Thrones ») se fait toute petite. La dernière demi-heure redresse un peu la barre, on la croirait réalisée par un autre. Produit sans magie ni saveur, « Solo » renoue avec les racines serials de la saga: il rappelle ces westerns de série B ineptes que Hollywood usinait à la chaîne au milieu du siècle dernier pour remplir les salles. Une série B au budget de 200 millions de dollars.

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Alden Ehrenreich.

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