L'Obs

Julien Lombrail

Ce passionné de design a fait de la Carpenters Workshop Gallery le repaire parisien des amateurs de mobilier d’art contempora­in

- Par DORANE VIGNANDO

QUI EST IL ?

Julien Lombrail a réussi son pari : faire entrer du mobilier « architectu­ral » de créateurs dans les intérieurs des plus grands collection­neurs. Il n’a pas encore 40 ans, mais est déjà une figure du marché internatio­nal du design d’art contempora­in. En témoigne le beau livre « Carpenters Workshop Gallery, Contempora­ry Design Icons » (Rizzoli), retraçant le parcours de ce passionné qui a érigé le design au rang des beaux-arts, et celui de son associé Loïc Le Gaillard. Aujourd’hui à la tête d’espaces à Paris, Londres et New York, leur tandem expose tables, chaises, fauteuils, luminaires, autant de « sculptures fonctionne­lles » à la grande liberté formelle et décalée, signées aussi par de jeunes talents que par la crème mondiale du design d’auteur. On y trouve ainsi les cabinets en plaques de bronze de Maarteen Baas, les commodes éclatées de Vincent Dubourg, les lampes de Nacho Carbonell, le canapé de Robert Stadler ou encore les tables en marbre en forme de vagues de chez Mathieu Lehanneur; des pièces uniquement produites en série limitée à huit exemplaire­s et dont les prix varient de 5000 à 500000 euros, « voire plus »…

D’OÙ VIENT IL ?

A 14 ans, alors que ses copains s’o rent des a ches de NTM, lui érige une chronologi­e de l’histoire de l’art dans sa chambre. Pas si surprenant. Son père est commissair­e-priseur et sa mère, Ingrid Donat, artiste sculpteur. C’est d’ailleurs pour présenter cette dernière que, avec l’audace de ses 22 ans, il contacte le célèbre marchand d’art new-yorkais Barry Friedman. Coup de poker chanceux. L’Américain accepte et expose Ingrid Donat avec succès. Mais plutôt que de recevoir un pourcentag­e sur les ventes, Julien Lombrail préfère se faire rétribuer… avec une oeuvre. « Barry m’a emmené dans ses immenses réserves, et là, j’ai choisi au hasard la chaise Loop Loom de Ron Arad. Je l’ai ensuite revendue et j’ai eu les moyens de m’o rir deux autres créations design », dit-il. Le virus est né. En 2006, avec son ami d’enfance Loïc Le Gaillard, il fonde à Chelsea la première Carpenters Workshop Gallery, installée dans un ancien atelier de charpentie­r. « Personne n’y croyait, mais on a mis chacun 30000 euros sur la table. » Treize ans plus tard, ils a chent un chi re d’a aires de 25 millions.

QUE FAIT IL ?

Combiner l’artistique et le fonctionne­l… Aujourd’hui, les oeuvres que Julien Lombrail expose sont tellement recherchée­s qu’il a investi dans la production. « Notre galerie est sans doute la seule au monde à avoir intégré son propre atelier, mis au service des créateurs que l’on représente. » Des dizaines d’artisans y travaillen­t à temps plein afin de parfaire les meilleures compositio­ns de bronze, prototypag­es, finitions… Et le succès continue. Dans un mois, ouvrira une nouvelle galerie de 1000 m à New York, suivie d’un autre espace dans la Silicon Valley, hot spot des jeunes collection­neurs de la high-tech. Tout cela nécessite beaucoup d’investisse­ments, ce qui est loin de faire peur à Julien Lombrail : « Loïc et moi-même avons une capacité incroyable à nous endetter, mais cela provoque une tension qui est bonne. Il faut toujours être dans une situation d’inconfort pour avancer. »

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