L'Obs

Formidable­s fiascos (1/6)

Pendant l’été 1954, HOWARD HAWKS tourne en Egypte, avec des moyens colossaux, “LA TERRE DES PHARAONS”, dont le scénario est cosigné WILLIAM FAULKNER. Histoire d’un cauchemar alcoolisé qui accoucha d’un bide

- Par FRANÇOIS FORESTIER

Les mille plaies d’Egypte de Howard Hawks

Bio

Howard Hawks, né en 1896, est l’un des réalisateu­rs les plus connus au monde : de « Scarface » à « Rio Bravo » en passant par « l’Impossible Monsieur Bébé », « Seuls les anges ont des ailes », « le Port de l’angoisse » (qui a fait découvrir Lauren Bacall), « le Grand Sommeil », nombre de ses films sont devenus des classiques. Hawks a reçu un oscar d’honneur en 1975, deux ans avant son décès, en 1977.

C’est le bordel. Le sable grippe les caméras, la chaleur fait fondre les maquillage­s, personne ne parle la même langue, le vent du désert éparpille les Kleenex et les feuillets du scénario, les puces envahissen­t les fringues, les douaniers veulent ouvrir les boîtes de pellicule impression­née, les camions s’enlisent, les autorités égyptienne­s se mêlent de tout et, pendant le ramadan, « seuls les chiens enragés et les Anglais sortent sous le soleil ». Le tournage de « la Terre des pharaons », en cet été 1954, est une aventure de fou furieux. Howard Hawks, le metteur en scène le plus coté de Hollywood, voit cette super-superprodu­ction comme un défi à son rival Cecil B. DeMille, qui prépare « les Dix Commandeme­nts ».

Jack Warner, le producteur, estime que ce sera « le film des films », et ne lésine pas sur les moyens. Quand on lui suggère que, pour raconter la constructi­on de la pyramide de Khéops, il faudrait un Dostoïevsk­i, il n’hésite pas. A sa secrétaire : « Appelez-moi Dostoïevsk­i ! » Jacques Rivette, dans les « Cahiers du cinéma », tartine des pages sur le « génie de Hawks », et le compare à Corneille et Molière. Hawks, lui, s’intéresse à une ravissante actrice, Ivy Nicholson, et espère lui confier le rôle de Nellifer, la pharaonne rapace. L’ennui, c’est qu’Ivy a une passion artistique : elle peint à même le corps de son boyfriend, avec du rouge à lèvres et des aiguilles à tricoter. Alexandre Trauner, le plus grand décorateur de l’histoire du cinéma, la juge : « Elle est zinzin. » Tandis que les têtes pensantes du studio cherchent un titre accrocheur : « la Passion du pharaon », « la Pyramide des étoiles », « Guerre et paix sur le Nil », Howard Hawks s’en va. Il joue au golf.

C’est ainsi que tout a commencé. Au golf. A Eden Roc, luxueux séjour sur la Méditerran­ée, Howard Hawks bavarde avec son assistant, Noël Howard. Celui-ci est un homme joyeux, un peu je-m’en-foutiste, qui fréquente les greens pour faire plaisir à Hawks, mais qui a autant de dons pour jouer au golf que moi pour être danseuse nue. Il a un carnet d’adresses de restaurant­s absolument imbattable. De plus, il a un cheveu sur la langue et, quand on l’a obligé à jouer Richelieu dans « les Trois Mousquetai­res », il est devenu Risselieu. Entre le huitième et le neuvième trou, Hawks lui demande : « C’est où, l’Egypte ? » L’ex-cardinal pointe le doigt : « Par là! Tout droit et à gausse. » Hawks (en short écossais) : « Je vais construire une pyramide. » C’est la mode des péplums : Gregory Peck vient de jouer dans « David et Bethsabée », Rita Hayworth dans « Salomé », Victor Mature dans « la Tunique », Robert Taylor dans « Quo Vadis », Kirk Douglas dans « Ulysse », et John Wayne espère tenir le rôle principal de « Salomon » (qui ne verra jamais le jour). Le problème, c’est qu’il faut un scénario. On verra plus tard, décrète Hawks, qui passe au dixième trou, tandis que son assistant cherche sa balle dans les buissons.

Décembre 1953 : Hawks rassemble son équipe d’auteurs à Saint-Moritz, dans la neige. Il résume son idée : « Le pharaon s’est constitué un trésor fabuleux. Il passe vingt ans à construire son tombeau. Il commet l’erreur de tomber amoureux d’une salope. » Les scénariste­s écoutent : Harry Kurnitz est le beau-frère de Groucho Marx et son gagman. Harold Jack Bloom, jeune débutant, est

“LE PHARAON PARLE COMME UN COLONEL TEXAN” WILLIAM FAULKNER

branché problèmes sociaux. Le courant passe mal entre ces deux-là. Hawks décide de faire venir son ami William Faulkner, le plus grand écrivain vivant, prix Nobel 1950, auteur du « Bruit et la Fureur » et, au cinéma, du « Grand Sommeil » (de Hawks). Donc, reprend le cinéaste, quand les chariots du pharaon arrivent sur le chantier… Noël Howard intervient : « Il n’y a pas de sariots, au troisième millénaire avant Jésus-Christ. » Bon, il arrive à cheval, donc. Noël Howard : « Il n’y a pas de sevaux. » En charrette, alors ? « La roue n’a pas été inventée. » D’accord, d’accord, on aura des chameaux. « Il n’y a pas de sameaux. » Hawks explose : « Bon Dieu, laisse-moi les chameaux ! » Puis, après un long silence : « Dis-moi, Noël… Est-ce qu’il y avait des rhinocéros ? »

Le sujet posé (la constructi­on de la pyramide), reste à trouver la fin du film. La reine Nellifer doit mourir. Hawks évoque une fosse aux crocodiles, une trappe pivotante sur des hallebarde­s, un égorgement par des faucons, tandis qu’il putte (et swingue) attentivem­ent et surveille son handicap. Kurnitz invente une agonie dans une cave scellée avec vingt-quatre moines à la langue coupée – « le rêve pour un dialoguist­e! ». Et Faulkner? Il n’arrive pas. Il arrivera à Paris, au George V, sanglant, disloqué, entre deux gendarmes : « Paraît que c’est un grand écrivain américain, dit le pandore en chef. On dirait pas, à l’voir! » Faulkner est bourré comme une huître de Cancale, mais, par chance, une jeunette a craqué pour lui : Jean Stein, 19 ans (il en a 57), la petite-fille du fondateur de l’agence MCA. Faulkner n’est pas mécontent de cette amourette, juste un peu déréglé. Le lendemain de son arrivée, il découvre le chambolle-musigny 1949 et demande : « Les pharaons buvaient du vin? » Il suggère un truc : « Le pharaon parle comme un colonel texan. » Stupéfacti­on de Jack Hawkins, l’acteur anglais qui tiendra le rôle de Khéops, mais qui ne ressemble en rien à un Egyptien. Observant les images relevées dans les pyramides, il s’enquiert : « Je vais jouer de profil ? »

Au Caire, la production s’installe à l’hôtel Mena House, jadis fréquenté par Conan Doyle. C’est à quelques centaines de mètres de la pyramide, au grand plaisir de Donald Steward, le responsabl­e des effets spéciaux, qui note que d’effets spéciaux il n’y a pas. Il commande trente chariots, dont personne n’aura l’usage, et qu’il revendra à l’équipe d’« Hélène de Troie », en tournage à Rome. Moyennant quoi, il est aussi bourré que Faulkner, ce qui est un exploit en soi. Le grand vizir chargé du cinéma dans l’Egypte de Nasser, Wagih Abaza, ministre de l’Orientatio­n nationale, vient en visite sur le plateau. « Pas de référence à Israël », murmure-t-il à Gerry Blattner, le directeur de production. « C’est juré », dit l’autre. La Warner injecte des dollars bloqués en Finlande, et, tandis que Noël Howard se documente laborieuse­ment sur la constructi­on des pyramides, d’autres acteurs arrivent : Dewey Martin, un ex-GI revenu de captivité au Japon ; Ursula Andress, qui ne sera pas retenue malgré son physique avantageux (Hawks aime les femmes grandes et longiligne­s comme Lauren Bacall); Kerima, une

actrice française, connue surtout pour son interminab­le baiser (de cent douze secondes !) dans « le Banni des îles » ; et, enfin, Joan Collins, 21 ans, folle de son corps, fêtarde, voluptueus­e. Elle tombe amoureuse de Sydney Chaplin, 28 ans, le fils de Charlot, qui tient un petit rôle dans le film, qui ne pense qu’à picoler (lui aussi!) et à faire la tournée des grands-ducs, au Caire puis à Rome. Le matin, en arrivant, il demande : « On continue à la vodka ou on passe au beaujolais de Sidi Bel Abbès ? »

Jack Hawkins, vétéran de la scène, est inquiet. Le talent de Joan Collins lui semble sujet à caution. Enervée par son dédain, elle lui chuchote à l’oreille : « Vous savez, je suis aussi une actrice! » Il la regarde, puis : « Rassurez-vous, je ne le dirai à personne! » Quand arrive la grande scène du pharaon en palanquin, le stress augmente : le régisseur égyptien a mal réparti les seize porteurs, et les plus grands gaillards supportent le poids du machin, tandis que les petits se baladent. Hawkins, peu confiant, en oublie son texte. Il dit à Hawks : « J’ai le trac. » L’autre : « On vous soufflera vos hiéroglyph­es », et s’en va jouer au golf avec Noël Howard. Qui redouble de maladresse, et envoie une balle dans le museau d’un chameau étique chargé d’une touriste anglaise. L’animal se met à galoper vers la haute Egypte. Noël Howard, revenu sur le plateau, note que les pagnes des figurants deviennent de plus en plus courts. Le costumier, homosexuel, marque ainsi des préférence­s. Faulkner, lui, passe au gevrey-chambertin, dont il reste cent soixante-cinq bouteilles dans les caves du Mena House. James

Robertson Justice, acteur écossais blanchi sous le harnais et barbu comme un prophète, joue Vashtar l’architecte de la pyramide. Il s’ennuie, et raconte des anecdotes. Sa préférée : celle où Billy Wilder, interrogé à la sortie d’une projection, répond : « Ça, c’est un film ! » (quand il aime). Ou bien : « Ça… ? C’est un film ? » (quand il n’aime pas). Seule l’intonation change.

Noël Howard est désormais chargé de la deuxième équipe. « Ah, si Napoléon avait pu répéter, dit Faulkner à sa jeune maîtresse, il n’aurait pas été battu à Waterloo ! » On répète donc. L’ennui, c’est que la pyramide de Khéops a nécessité trois millions de blocs de pierre de trois tonnes, « et trente ans », ajoute Trauner. Pour le film, il faut faire mieux et plus vite. On construit donc deux traîneaux géants, qui glisseront sur le sable en étant traînés par deux cents esclaves, avec des blocs en meringue déguisée. Noël Howard met tout en place, et, sur une dune, aligne les deux traîneaux, légers comme des plumes, avec des figurants côte à côte. Ceux-ci, recrutés dans les faubourgs du Caire, n’ont pas la moindre idée de ce qu’est le cinéma. En pagnes (raccourcis), ils attendent, la longe sur l’épaule. Noël Howard leur explique : « C’est dur. C’est harassant. Vous êtes épuisés. Vous allez mourir. Je vais vous donner le top départ. » Il remonte sur sa dune, et donne le signal. Aussitôt, les deux traîneaux de balsa démarrent à fond de train. Les deux équipes – cent hommes dans chaque file – se mettent à courir pour arriver les premiers à destinatio­n. Ils pensent que c’est une course olympique. Les faux blocs de pierre rebondisse­nt, les traîneaux décollent d’une bosse à l’autre, les gars gueulent, tout verse. Noël Howard est halluciné. On recommence. La remise en place prend des heures, il faut balayer le sable, faire reculer les traîneaux, réparer les blocs, refaire les maquillage­s, faire pisser les figurants, leur expliquer.

Deuxième essai : la course est encore plus folle. La nuit arrive.

“ON VOUS SOUFFLERA VOS HIÉROGLYPH­ES” HOWARD HAWKS

On laisse tomber. Noël Howard part dans les bas quartiers du Caire pour essayer de trouver un muezzin capable de scander les pas des figurants. Il en trouve un, qui passe son temps à doubler les acteurs dans les salles de cinéma en plein air. Pendant ce temps, Howard Hawks reçoit un appel du roi Farouk, détrôné, qui suggère qu’on pourrait bien lui donner un rôle dans le film, n’est-ce pas? Après tout, les deux hommes se connaissen­t pour avoir déjeuné ensemble au Fouquet’s, à Paris. Ça crée des liens. Hawks, calme et pondéré, préfère partir au Katameya Golf Resort, à dixsept kilomètres du Caire. Avant « la Terre des pharaons », il a réussi à tourner « Les hommes préfèrent les blondes », avec une Marilyn Monroe imprévisib­le. Il a confiance.

DEUX CENTS FIGURANTS REPRENNENT : “J’EMMERDE LA WARNER !”

Noël Howard, après deux martinis-gins, s’installe sur sa dune au petit matin. La scène est mise en place, avec les deux traîneaux. Le muezzin commence sa mélopée, donne la cadence. « Allah est grand », psalmodie-t-il en arabe. Les deux cents figurants reprennent en choeur : « Allah est grand », et avancent lentement. Le muezzin : « Loué soit son nom. » Les esclaves : « Loué soit son nom. » Ouf, ça marche. A la mi-journée, Noël Howard prend le relais. Comme il ne parle pas arabe, il invente des slogans ayant la même cadence : « Buvez Coca-Cola! » « Buvez Coca-Cola! » rugissent les figurants. « Fumez des Chesterfie­ld! – Fumez des Chesterfie­ld ! » Puis : « Sautez la bonne ! – Sautez la bonne ! » A la fin de la journée, un peu las, il décide de s’amuser : « J’emmerde la Warner! » Deux cents voix reprennent : « J’emmerde la Warner ! » Parfait. Au moment de dételer, notre homme se retourne. Howard Hawks est là, l’air un peu perplexe. Il regarde son assistant, dit : « Il faudrait mettre des vraies pierres », et s’en va. Dans la voiture, le chauffeur note que son patron rigole tout seul, tout au long de la route.

L’ennui, pour ce film, c’est que la fin est connue : la pyramide sera construite. La dramaturgi­e est faible. Hawks décide d’en rajouter dans le gigantisme, pour compenser. Il sait que DeMille a fait des mises en scène avec six mille figurants. Hawks en réclame donc dix mille. On pioche dans l’armée égyptienne. Des milliers de bidasses sont mis au service de la production. Mais ils ne veulent pas être traités comme des fellahs. Tourner en plein cagnard? Pas question. Ils se réfugient dans les décors pour dormir, dans les faux blocs de pierre pour forniquer, dans des tentes pour attendre. Les régisseurs gueulent. Les soldats s’en foutent. Le ministère de l’Orientatio­n nationale intervient. Les hommes de troupe se révoltent. La mutinerie grandit. Les figurants attaquent l’équipe à coups de (vraies) pierres. Hawks, Trauner et Noël Howard répondent de la même manière. C’est la guerre des cailloux. Hawks écrit à Jack Warner : « Ils mentent tout le temps et sont fourbes. »

Il reste une scène à tourner à Rome, dans les studios Scalera, banquerout­és par Orson Welles et son « Othello » : celle où Sydney Chaplin reçoit une épée en pleine poitrine, et meurt ignominieu­sement. Une plaque de balsa, sous son gilet de cuir, le protège. Mais le spécialist­e des effets spéciaux, on l’a vu, est imbibé (il est passé à la grappa). La scène se déroule bien, merci bon Dieu. En contrecham­p, il y a Joan Collins, en tenue de bayadère, ventre nu et seins moulés dans un soutien-gorge en béton armé. Depuis qu’elle fait la fête avec Chaplin, elle a pris quatre kilos. De plus, la censure américaine exige qu’on dissimule son nombril. L’accessoiri­ste lui colle un faux saphir sur le ventre. Catastroph­e : pour dissimuler sa prise de poids, elle rentre l’estomac. Le saphir saute. On a recours à de la colle soviétique, la seule disponible au Caire, un truc pour réparer les tanks à Moscou. Ça marche. Place à la scène avec les cobras. Quels cobras ? Ils sont tous sur le tournage de « Tarzan et la diablesse », avec Lex Barker.

On en fait venir de Londres. A la douane, on demande au dresseur d’ouvrir sa valise. Non, faites-le vousmême. Ce que le gabelou fait. Par chance, une bouteille de vin s’est brisée. Les douze cobras, ivres, dorment.

Le « film des films » sera monté à Hollywood, par un vétéran qui note que

« l’histoire ne commence qu’à la page 54 ».

Un écrivain postulera que « la forme des pyramides prouve que plus les hommes travaillen­t, plus ils ont envie de moins en faire ». La preuve par Faulkner : en quelques semaines de dur labeur, la contributi­on du grand-écrivain-américain-qu’ondirait-pas-à-l’voir se réduit à une seule réplique. Le pharaon, à son architecte Vashtar : « Alors… ça marche, le boulot? » A sa sortie, en juin 1955, le film sera un bide noir. Hawks mettra trois ans à s’en remettre, mais le fera avec panache, grâce à « Rio Bravo », son chef-d’oeuvre. Et, comble d’ironie, « la

Terre des pharaons » sera interdit en

Egypte. Motif : l’architecte Vashtar a l’air trop juif. Précisons que, malgré son look grandiose et son ambition colossale, le péplum de Hawks est d’un kitsch de folle perdue. Ça, c’est un film!

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ERNST HAAS / GETTY IMAGES
 ?? ERNST HAAS / GETTY IMAGES ?? Howard Hawks sur le tournage, en Egypte.
ERNST HAAS / GETTY IMAGES Howard Hawks sur le tournage, en Egypte.
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Hawks dirigeant des comédiens.
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ERNST HAAS / GETTY IMAGES Jack Hawkins, dans le rôle du pharaon Khéops.
 ?? ERNST HAAS / GETTY IMAGES ?? Près de dix mille figurants ont été embauchés. Sans eux, le film aurait été moins grandiose, et le tournage, moins chaotique.
ERNST HAAS / GETTY IMAGES Près de dix mille figurants ont été embauchés. Sans eux, le film aurait été moins grandiose, et le tournage, moins chaotique.
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PHOTO12 VIA AFP Howard Hawks, Joan Collins et Dewey Martin.

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