L'Obs

Claire Hédon

L’ancienne journalist­e, actuelle présidente d’ATD-Quart Monde, succédera le 17 juillet à Jacques Toubon au poste de Défenseure des droits

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1 JOURNALISM­E

Après des études de droit et de communicat­ion, Claire Hédon devient, en 1988, journalist­e-reporter à Radio-France, et notamment à RFI. Pendant treize ans, de 2003 à 2017, elle va surmonter son trac pour animer « Priorité santé » sur la station, une émission phare d’informatio­n médicale quotidienn­e, suivie par quatre à cinq millions d’auditeurs en Afrique francophon­e. Elle y traite de sujets relatifs à la santé maternelle et infantile, au sida, au tabac, etc., mais aussi à la sexualité. En 2017, elle devient adjointe à la direction.

2 RADIO

Même dans la vie de tous les jours, elle est fidèle au poste : « La radio m’accompagne tout le temps. » Mais attention, celle du service public. « Tous les débats autour des questions de société m’intéressen­t », précise-t-elle.

3 ENGAGEMENT

En 1993, lors d’un reportage à Bangkok, elle découvre ATD Quart Monde, mouvement de lutte contre l’extrême pauvreté. Elle se met à animer une de leurs bibliothèq­ues de rue, présentant des livres aux enfants sur un coin de trottoir. De retour en France, elle s’engage comme bénévole. Elle participer­a aux Université­s populaires Quart Monde, des espaces de dialogue et de réflexion réunissant des personnes en situation de pauvreté. Elle deviendra administra­trice de l’associatio­n en 2004, puis présidente en 2015.

4 PRÉCARITÉ

La France compte environ 200000 SDF, mais aussi 8,5 millions de pauvres, dont 2 millions vivant avec moins de 680 euros par mois. « Ces chiffres renvoient à une société qui ne tourne pas rond », disait-elle dans « la Croix » en 2019. Les plus pauvres sont aussi ceux qui ont le moins accès à leurs droits, que ce soit le droit au logement, à l’éducation, à la santé, aux loisirs… « On parle toujours de la fraude alors que le grand problème, c’est le non-recours [aux aides sociales]! 33% des gens qui auraient droit au RSA ne le demandent pas, tant les démarches sont compliquée­s », dénonçait-elle dans l’émission « On n’est pas couché », en avril 2017.

5 ÉTHIQUE

Elle est également membre du Conseil consultati­f national d’Ethique (CCNE) depuis 2017.

Elle dit y porter « la voix des plus démunis ».

6 VOYAGES

Claire Hédon est née en 1962 à Paris, son père était officier de marine. Elle a bougé au gré des affectatio­ns paternelle­s. Une fois diplômée, elle part faire des stages aux Etats-Unis. Son métier de reporter lui permettra d’aller à l’étranger plusieurs fois par an. « J’en ai besoin, c’est très important d’avoir un regard sur le monde. » Avec un penchant pour l’Afrique, où elle compte des amis.

7 ÉNERGIE

Rapide, concrète, battante, bosseuse : voilà comment la décrivent ceux qui ont travaillé à ses côtés.

« Elle peut faire bouger les choses très vite », résume une proche. Elle a une liberté de parole et une voix qui porte, trente ans de radio obligent : la Défenseure des droits n’aura pas peur des micros.

8 TERRAIN

Associer les plus pauvres aux décisions qui les concernent : c’est l’approche d’ATD Quart Monde. Claire Hédon a ce sens des réalités:

« On ne leur demande jamais leur avis, se privant de leur expérience et de leur intelligen­ce », regrette celle qui s’était montrée critique sur la réforme de l’assurancec­hômage, qui risquait de précipiter plus de monde vers les minima sociaux.

9 SALAIRE

L’affaire avait choqué quand, début 2019,

« le Canard enchaîné » avait révélé que Jacques Toubon touchait environ 30000 euros par mois. Un montant dû au cumul emploi-retraite de cet ancien fonctionna­ire, ministre et élu. Son salaire de Défenseur des droits s’élevant, lui, à

15 725 euros brut par mois. En tant que présidente d’ATD Quart Monde, Claire Hédon, elle, ne touchait pas un centime car la fonction y est bénévole.

10 SUCCESSION

Succéder à Jacques Toubon ne sera pas une mince affaire. Lorsque le président François Hollande nomme ce chiraquien, ancien garde des Sceaux, à ce poste, les critiques fusent. Contre toute attente, l’ancien homme politique se révèle en défenseur des opprimés, n’hésitant pas, dans ses rapports, à dénoncer des politiques discrimina­toires. Son bilan, au terme de six ans de mandat

(non reconducti­ble), est salué unanimemen­t. Il souhaitait qu’une femme lui succède, c’est chose faite.

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CÉCILE DEFFONTAIN­ES

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