La comédie des identités
TOUT SIMPLEMENT NOIR, PAR JEAN-PASCAL ZADI ET JOHN WAX. COMÉDIE FRANÇAISE, AVEC JEAN-PASCAL ZADI, FARY, FABRICE ÉBOUÉ, CLAUDIA TAGBO, MATHIEU KASSOVITZ (1H30).
un acteur noir raté – Jean-pascal Zadi (photo, au centre) dans son propre rôle – décide d’organiser une marche des hommes noirs à paris. français d’origine ivoirienne, le réalisateur décrit son excellent film comme « une comédie francofrançaise », mais avec lui-même et l’humoriste fary à la place du duo pierre richard et gérard depardieu. le premier croit dans le pouvoir de la politique (de là, son projet de marche); le second croit dans le pouvoir de l’argent. c’est aussi, selon son auteur, « un film sur l’identité française, mais vue d’un autre point de vue ». il se regarde comme une petite phénoménologie de l’âme noire à la française, dans toute sa diversité conflictuelle : on voit ainsi lucien Jean-baptiste, le réalisateur martiniquais de « première etoile », pourchasser fabrice eboué avec une machette. dans cette comédie des identités, filmée comme un documentaire et semée de regards caméra inquiets, consternés ou exaspérés, l’afro-descendant est souvent un loup pour l’afro-descendant. evidemment, les non-noirs ne s’en tirent pas mieux. dans le rôle du blanc névrosé, mathieu Kassovitz incarne un cas clinique : l’antiraciste raciste pour qui les africains ne sont jamais assez africains. on croise aussi rachid djaïdani en arabe raciste et antisémite, et ramzy bedia et amelle chahbi, qui s’empressent hypocritement de nier qu’il le soit. voici donc une riante leçon de santé mentale dans un temps d’hystérie identitaire.