L'Obs

CES FEMMES QUI MENAIENT LA RÉVOLTE

- D. B.

C’est un pan méconnu de l’histoire. Invisibles parmi les invisibles, les femmes ont été souvent en première ligne dans les révoltes d’esclaves. « En Haïti, elles sont nombreuses à avoir pris les armes. Elles étaient même plus radicales que leurs pairs dans leurs revendicat­ions », raconte l’historien Philippe Girard. Sanite Belair était lieutenant dans l’armée de Toussaint Louverture. Capturée avec son mari lors d’une embuscade, elle fut fusillée avec lui et refusa, lors de son exécution, d’avoir les yeux bandés. Autre figure, Désirée Bazile, surnommée « Défilée la Folle », une Antigone de la révolte de Saint-Domingue dont la famille avait été massacrée sous ses yeux par les troupes françaises. Après l’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, devenu leader de la révolte puis empereur d’Haïti, c’est elle qui transporta son corps sanglant au cimetière. En Guadeloupe, le romancier André Schwarz-Bart a immortalis­é la mulâtresse Solitude : enceinte, elle mène l’insurrecti­on aux côtés de Louis Delgrès, sera arrêtée, condamnée, et pendue le lendemain de son accoucheme­nt. En Guyane, la marronne Claire a fui son maître avec son compagnon Copena et ses enfants, pour se réfugier dans l’enclave de la Montagne de Plomb, où les marrons ont constitué leur propre communauté. Capturée, Claire sera étranglée et pendue devant ses enfants, tandis que Copena sera soumis au supplice de la roue.

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