L'Obs

La dette qui tue

Camaïeu, La Halle, André… L’actuel trou d’air fragilise les enseignes passées par un “LBO”, ce montage controvers­é où l’on prend le contrôle d’une société en l’endettant massivemen­t

- Par CLÉMENT LACOMBE

Les « barbares ». Trente ans qu’ils traînent ce surnom tant détesté, réminiscen­ce du Wall Street aussi conquérant que cupide de la présidence Reagan. Trente ans à répéter que non, ils n’ont rien de sauvage et qu’ils ne sont pas mus par le seul argent. Qu’ils sont au contraire des financiers respectabl­es, bien sous tous rapports, et permettant, grâce à leurs investisse­ments avisés, de soutenir des entreprise­s dans leur croissance. Trente ans à maudire un livre, « Barbarians at the gate » (« Les barbares sont à la porte », non traduit en français), devenu un classique de la littératur­e économique américaine – un tel classique que François Fillon, dans ses premiers jours de reconversi­on dans la finance après la présidenti­elle de 2017, a été aperçu avec ledit ouvrage à la main. Un livre qui a raconté comment quelques jeunes loups, sortis de presque nulle part – les barbares, donc – ont pu, à la stupéfacti­on générale, mener un raid sur l’une des plus grandes entreprise­s américaine­s de l’époque, le géant du tabac et de l’agroalimen­taire RJR Nabisco, via un montage financier alors totalement novateur mais devenu si banal aujourd’hui qu’il concerne plusieurs milliers d’entreprise­s en France: le « LBO » (Leveraged BuyOut), une technique de rachat par endettemen­t massif. Las, la crise d’aujourd’hui est en train de faire resurgir la figure du barbare. Et les risques de telles opérations.

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