Qu’ils crèvent !
La reine du polar suédois offre à trois épouses de se venger de leurs horribles maris
FEMMES SANS MERCI, PAR CAMILLA LÄCKBERG, TRADUIT DU SUÉDOIS PAR RÉMI CASSAIGNE, ACTES SUD, 140 P., 14,90 EUROS. CD : LU PAR ODILE COHEN, 15,99 EUROS.
Ancienne journaliste devenue mère au foyer, Ingrid Steen se doute bien que son mari la trompe. Il n’empêche : d’entendre Tommy jouir en direct, un jour qu’elle avait dissimulé un micro dans son pantalon, ne lui fait pas plaisir. Même supplice conjugal pour Victoria Brunberg, une jolie Russe anciennement fiancée à un caïd de la mafia de Iekaterinbourg. Quand Iouri est exécuté par une bande rivale, Victoria doit quitter le pays sans plus attendre. Un Suédois qu’elle a connu sur un site de rencontres lui propose de le rejoindre, la belle veuve s’installe alors dans un trou perdu en Suède. Hélas, Malte apparaît vite sous son vrai visage : un malotru dominateur. « Pipe », se borne-t-il à dire quand, rentrant du travail, il attend de sa femme qu’elle le débraguette – sans doute parce que Victoria ne possède que quelques mots de suédois dans son vocabulaire. Institutrice, Birgitta Nilsson n’est pas mieux lotie : son mari Jacob la bat. Son médecin, qui vient de lui révéler qu’elle souffre d’un cancer du sein, reproche à Birgitta de s’être dérobée aux mammographies de routine depuis plusieurs années. Couverte de bleus, elle n’osait pas s’y rendre. Aujourd’hui, son corps réclame vengeance. Icône féministe en Suède, Camilla Läckberg n’y va pas par quatre chemins. Les porcs, rien ne sert de les balancer. C’est la mort qu’ils méritent. Atroce, si possible. Les trois femmes conviennent chacune d’exécuter le mari de l’autre. La police ne pourra identifier les coupables de ces crimes sans mobile. Dans « Femmes sans merci », ces messieurs sont si épouvantables que l’affaire tourne vite à la caricature. Croisée de la guerre anti-macho, Camilla Läckberg n’écrit plus. Elle cogne.