DISPATCHES FROM ELSEWHERE
SÉRIE AMÉRICAINE DE JASON SEGEL (2020)
Avec Jason Segel, Eve Lindley, Richard E. Grant. Dix épisodes de 45 min.
DISPONIBLE À PARTIR DU 24 JUILLET SUR AMAZON PRIME VIDEO
A l’heure de la surproduction télévisuelle, les innombrables séries savent bien qu’il faut jouer des coudes pour capter un peu du temps de cerveau disponible. Avec un joli culot, « Dispatches From Elsewhere » s’ouvre sur cette chose si rare en télévision : un long silence. Vingt-deux secondes durant lesquelles Richard E. Grant fixe la caméra avec sa tête de grand méchant loup sympa, avant de décréter : « Maintenant que j’ai votre attention, nous pouvons commencer »… Une volonté de happer le téléspectateur en lui survendant, via ce narrateur aux intentions obscures, les merveilles de l’inconnu et le ravissement de la surprise alors que deux hommes et deux femmes se retrouvent soudain embarqués au coeur d’une sorte d’escape game géant, dont ils ne connaissent ni l’origine ni la finalité. Il est peu dire qu’on est plus perdu encore. Une sensation de désorientation familière au téléspectateur d’aujourd’hui, habitué aux jeux de narration de plus en plus complexes et à l’angoisse plus ou moins poisseuse qui va avec. Mais ici on n’est ni dans « Mr. Robot » ni dans « Homecoming ». Plutôt dans une sorte de fable feel good, imaginée par le scénariste et comédien Jason Segel (le Marshall de « How I Met Your Mother »). Une machine à rêves qui déborde d’inventions, de références à la pop culture la plus enveloppante (même « Amélie Poulain » a droit à son clin d’oeil), mais aussi de clichés à la pelle alors que l’expérience est censée pousser les héros à sortir de leur « zone de confort », comme on dit désormais, et à renouer avec leurs rêves d’enfant… Si vous aimez les livres de développement personnel et les parcs d’attractions, foncez. Sinon, vous risquez de choper quelques boutons.