L'Obs

La Fille de monaco

20h50 Ciné+ Premier

- Pascal Mérigeau

Comédie française d’Anne Fontaine (2008). Avec

Roschdy Zem, Louise Bourgoin, Fabrice Luchini. 1h35.

« La Fille de Monaco » raconte la relation à trois que nouent à Monte-Carlo un avocat parisien (Fabrice Luchini), son garde du corps, Christophe (Roschdy Zem), et une présentatr­ice télé prénommée Audrey (Louise Bourgoin). Ce que cette reine de la météo locale n’oublie jamais, c’est qu’en s’asseyant elle dissimule son meilleur atout, arme fatale pour qui, comme elle, rêve d’ascension médiatique et sociale. Debout, elle ne cache que le strict nécessaire, les jupes courtes servent à cela. Dans le rôle de la saute-au-paf un peu moins écervelée qu’il n’y paraît, Louise Bourgoin, tout en vivacité et en sûreté d’elle-même, témoignait ici qu’elle non plus n’avait pas froid aux yeux : pour ses débuts d’actrice, elle reprenait un rôle de présentatr­ice météo. Métier qui lui a valu de se faire connaître sur Canal+ et au service duquel elle a mis plus d’intelligen­ce et de malice que n’en possédera jamais Audrey. Les valeurs d’Audrey sont différente­s de celles qui animent Christophe (qui, comme tous les garçons du coin, est un de ses ex), lesquelles sont tout aussi éloignées de celles de l’avocat, dragouille­ur pas mal coincé, qui, de toute évidence, possède une confiance plus grande en son expertise oratoire qu’en ses talents d’amant. La jeune femme s’appliquera à lui donner à croire qu’ils valent bien ceux d’un autre. Les personnali­tés des trois interprète­s s’imposent comme la vraie matière du film : Louise Bourgoin était alors une débutante, Roschdy Zem, un acteur déjà expériment­é, et Fabrice Luchini, un comédien chevronné. Ce dernier incarne une certaine tradition cinématogr­aphique, le jeune acteur est un produit du cinéma français des années 1990, tandis que l’avènement de Louise Bourgoin consacrait la prise de possession du cinéma français par la télévision. Le plaisir que procure le film provient autant de cette carte ainsi détaillée que des relations entre les personnage­s et des péripéties d’une intrigue bien tenue. Dommage seulement que la fin, expédiée, médiocreme­nt emballée, donne l’impression qu’Anne Fontaine se montre soudain pressée d’en finir.

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