Bobby Kennedy, le rêve brisé de l’Amérique
Documentaire français de Patrick Jeudy (2018). 55 min.
Cinquante-deux ans après la mort de Robert Kennedy, que reste-t-il de la trajectoire d’un des fils chéris de l’Amérique? Le documentaire de Patrick Jeudy s’ouvre sur les funérailles d’un président assassiné : à Dallas, en 1963, Bobby enterre son frère John Fitzgerald Kennedy. Deux questions le taraudent: suivra-t-il le même chemin que son aîné? Comment reprendre le flambeau de ce chef d’Etat adulé? Robert Kennedy affiche un parcours remarquable. Après avoir été ministre de la Justice aux côtés de John, il est élu sénateur de l’Etat de New York, puis se lance dans la longue course des primaires démocrates pour briguer la Maison-Blanche lors de la présidentielle de novembre 1968. Pendant cinq ans, il s’engage en faveur d’un monde plus juste. Et, peu à peu, se révèle : « La chrysalide devient papillon, l’idole devient messie », commente la voix off. Après la mort de JFK, toutes les attentes des Américains se reportent sur son cadet, aimablement surnommé « l’avorton » par le patriarche du clan, Joseph Kennedy. Patriote, fervent catholique, adversaire déclaré de la discrimination raciale, il incarne une figure progressiste dans une société des années 1960 peu encline aux réformes. Son obsession ? Réaliser les promesses que son aîné n’a pas pu tenir et prêter sa voix à l’Amérique des laissés-pourcompte. A la tête de la commission chargée de lutter contre la corruption syndicale, il affrontera aussi Jimmy Hoffa, chef du puissant syndicat des camionneurs, lié à la Mafia, qui le poursuivra de sa haine. Dans un pays divisé par la guerre du Vietnam et le mouvement pour les droits civiques – Martin Luther King sera abattu en avril 1968 –, Robert Kennedy représente l’espoir d’une contestation en marche. Il est assassiné la même année que Luther King, le 6 juin, à l’hôtel Ambassador, à Los Angeles, le soir de sa victoire aux primaires de Californie. Ce documentaire, qui retrace le portrait d’un des membres d’une famille mythique, sort incontestablement du lot grâce à de nombreuses archives inédites, notamment des extraits sonores des grands discours de l’époque.