“Claude nougaRo : du swing plein les mots”
par Jérôme Sandlarz Franceculture.fr
« J’ai envie d’écrire un chef-d’oeuvre, toutleresten’étaitquehors-d’oeuvre.» Ces mots sont de Claude Nougaro, peu avant sa disparition en 2004. Ses compagnons de route (Laurent Balandras, Christian Laborde), ses musiciens (Bernard Lubat, Jean-Claude Vannier…) apportent leur contribution au portrait d’un artiste qui avait si peu foi en lui. Enfant, le troubadour toulousain se voit danseur… jusqu’à ce qu’il entende les premières notes de jazz chez sa grand-mère. A l’école, Victor Hugo, « percussionniste du verbe », le bouleverse. Il fait à Paris des rencontres décisives : Jacques Audiberti – « [s]on grand frère » – le pousse à abandonner son style conventionnel pour « écrire plus boxeur », Michel Legrand – « [s] on accoucheur » – l’incite à chanter ses propres textes. « J’aime les mots passionnément, ce sont des objets magiques qu’on peut frotter ensemble […]. Je les frotte comme des cailloux pour en faire une petite étincelle. Ils chantent […]. Ils vivent. Je suis leur cour de recréation. Ce n’est pas moi qui joue avec eux, ce sont eux qui se jouent de moi… », explique Nougaro. Ses paroles le racontent mieux que personne : « Mes chansons mises bout à bout ne sont qu’un autoportrait. Ma petite épopée terrestre à travers femmes, nuit, alcool… » Verve poétique, gestuelle, sens du rythme unique, il « n’était bien dans sa peau que sur scène », confie Bernard Lubat. « L’homme est d’une extrême pudeur, analyse Laurent Balandras, l’auteur, d’une extrême impudeur. »