Le cahier critique Livres, cinéma, musique… Notre sélection
En routE, mauvaisE troupE !, par Kenneth CooK, traduit de l’anglais par Mireille Vignol, autreMent, 256 p., 21,90 euros.
Qui peut résister à Kenneth Cook? l’écrivain australien (1929-1987) n’avait pas son pareil pour s’attirer des ennuis, qu’il décide de s’aventurer dans le bush à dos de chameau (alors qu’un 4 x 4 fait généralement l’affaire), ou qu’il parte à la recherche de crocodiles géants, ces mythiques créatures capables de vous croquer comme une biscotte. sa femme patricia estimant que le temps était venu de partir en europe pour passer simplement du bon temps sans se fourrer toujours dans d’inimaginables pétrins, la famille Cook fit un jour ses valises, direction la grèce. l’idée était de rallier d’abord l’angleterre, d’y acheter un voilier capable de traverser la Manche avant de rejoindre la Méditerranée en sirotant des Martini tandis qu’une douce brise vous pousserait vers le pirée. Qui sait, la chance sourirait peut-être enfin à Kenneth Cook, le prince de la déveine, le grand manitou de la fusée de détresse et de la roue crevée.
hélas, l’affaire tourna à la catastrophe. et ce qui devait être une partie de plaisir se transforma en cata monumentale, que Kenneth Cook raconte dans ce récit inédit en français avec l’irrésistible drôlerie qu’on lui connaît. après avoir effectué une calamiteuse traversée à bord d’un navire de croisière dont l’équipage passait le plus clair de son temps dans les chaloupes comme si le naufrage dudit navire allait se produire d’une seconde à l’autre, les Cook et leurs quatre bambins réussissent à gagner londres. poussés par une inspiration dont l’extravagance ne surprendra pas les habitués du bonhomme, ils envisagent d’acquérir une jonque chinoise, puis optent finalement pour un 12-mètres, la « dorianne », navire à fond plat construit à la fin du xixe siècle, et jamais entretenu depuis. les Cook mettent alors le cap sur la France – plus exactement sur la nappe de brouillard qui les empêche d’apercevoir la France. Quelques heures plus tard, Kenneth s’avoue vaincu en plein milieu du channel, n’ayant pas la moindre idée de sa position. Ce qui n’aurait guère eu d’importance si le bateau ne prenait l’eau à une vitesse effrayante. par miracle, ils réussirent à abandonner le navire avant qu’il ne coule pour de bon. on aurait aimé vous raconter comment les Cook, arrivés en espagne, se firent courser par la guardia civil, mais le mieux est encore de lire ce récit irrésistible et captivant que Cook aurait pu dédier à ses amis alligators : ils n’étaient finalement pas si méchants.