L'Obs

Que change la baisse des taux ?

- YANNICK HAMON

La théorie économique des taux d’intérêt s’avère fluctuante. Avant la crise de 2008, on apprenait dans les écoles que les banques centrales fixaient le prix de l’argent. Pour relancer une économie essou ée, elles devaient baisser les taux et, inversemen­t, lorsque l’économie se portait mieux, afin d’éviter le risque d’inflation et de surchau e, elles les augmentaie­nt.

Après la crise financière, l’Allemagne a imposé des réformes structurel­les fortes et souhaité que ce soit également le cas dans les autres pays de l’Europe. La Banque centrale européenne n’a donc relâché que très tardivemen­t la pression sur les taux afin d’irriguer le système financier. La conséquenc­e fut surprenant­e : pas la moindre inflation à la clé de cette politique monétaire accommodan­te. C’est le début de la fête sans limites.

A la di érence de la crise économique de 2008, la crise sanitaire que nous traversons présente un caractère universel. Libérée du risque d’inflation, les banques centrales ont réagi très vite en injectant massivemen­t des liquidités dans l’économie mondiale. Conséquenc­e : l’apparition de taux d’intérêt négatifs. On paye pour placer de l’argent ! Quelles sont les conséquenc­es de ce paradoxe ?

Certains e ets sont directs :

➸ Le crédit est bon marché, on emprunte moins cher, l’accès à la propriété est plus aisé.

➸ L’épargnant a intérêt à s’endetter même si les banques deviennent de plus en plus exigeantes. Renégociez votre crédit si ce n’est déjà fait.

➸ Le placement préféré des Français est devenu le compte courant, au mieux le livret A. Opter pour les contrats d’assurance-vie dont le fonds en euros présente encore un rendement supérieur à 1%.

➸ Faute d’alternativ­e, l’appétence pour les marchés boursiers est forte. La politique des taux négatifs soutient certains indices boursiers. Mais il convient de demeurer vigilant et mieux vaut résister à la tentation des marchés boursiers à tout prix.

D’autres e ets sont indirects :

➸ La fiscalité à taux fixe comme l’IFI s’est appréciée relativeme­nt aux taux d’intérêt. Attention à l’immobilier superflu sans crédit.

➸ La perception relative de certains actifs comme l’or a changé : son absence de rendement devient un atout dans un environnem­ent de taux négatifs.

➸ Les frais inhérents aux placements doivent être plus que jamais pris en compte. Avoir des frais sur les versements dans les contrats d’assurance-vie devient rédhibitoi­re.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France