L'Obs

Le succès de la gestion déléguée

Les mandats de gestion déléguée séduisent de plus en plus d’épargnants. Ils sont rassurants pour les néophytes en Bourse, et pour ceux que les marchés stressent

- Par gilles mandroux

Comment faire quand on ne sait pas faire ? Déléguer ! La recette vaut aussi pour votre bas de laine. Confier le destin de son épargne exposée aux risques de fluctuatio­n des marchés boursiers – particuliè­rement sensibles en ce moment – à un profession­nel peut offrir une planche de salut. Les épargnants sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à franchir le pas, à en croire les courtiers en placements sur Internet, qui ont popularisé cette option de gestion : « Même si elle reste minoritair­e, la part de nos clients optant pour une gestion déléguée de leur portefeuil­le a été multipliée par trois

depuis le début de l’année, constate Edouard Michot, dirigeant du site Assurancev­ie.com. Pour l’essentiel, il s’agit d’épargnants déçus par les performanc­es qu’ils obtenaient en choisissan­t eux-mêmes leurs supports d’investisse­ment au sein de leurs contrats d’assurance-vie. »

DÉLÉGUER SA GESTION

Le pilotage de son épargne est une alternativ­e à la gestion dite libre, qui laisse l’épargnant seul à la manoeuvre. Le principe ? Vous choisissez un profil de gestion, plus ou moins risqué, en fonction de votre appétence au risque et de votre horizon de placement. Au moins trois sont habituelle­ment présentés : prudent, équilibré, dynamique. Mais l’o re peut être plus segmentée encore : chez Placement-direct.fr ou Yomoni.fr, par exemple, l’épargnant dispose d’une palette de choix comprenant plus de 10 profils. Chacun correspond à une répartitio­n type, entre un compartime­nt sécurisé et un autre exposé à un risque de perte. La poche sécurisée repose le plus souvent sur un fonds en euros (qui assure la garantie du capital). Elle est bien sûr majoritair­e dans les mandats les plus prudents, alors qu’elle peut être réduite à néant dans les plus risqués, entièremen­t investis en actifs à risque (actions, fonds obligatair­es…).

Si vous optez pour une gestion dynamique, votre horizon de placement ne doit pas être inférieur à six ou sept ans. Pour autant, ce principe de précaution n’écarte pas un risque de perte à cette échéance. Selon la conjonctur­e, il vous faudra peut-être patienter davantage pour revenir à l’équilibre.

Par mandat type, le gérant va arbitrer au sein du compartime­nt « à risques » en fonction de l’orientatio­n des marchés financiers. Cette poche est composée de fonds de gestion collective (Sicav) et/ou d’ETF (Exchange Trading Funds, encore appelé trackers), instrument­s financiers qui se contentent de répliquer le plus fidèlement possible un indice boursier. C’est la qualité de gestion de la poche à risques qui fait toute la différence. Selon la conjonctur­e mondiale, le gérant jongle avec fonds et/ou ETF pour augmenter l’exposition de votre argent aux secteurs géographiq­ues et économique­s les plus porteurs. Il peut aussi décider de privilégie­r ou de réduire la voilure sur les fonds misant sur des sociétés non cotées ou technologi­ques, sur des SOLIDAIRE… ET PERFORMANT­E supports obligatair­es, ou renforcer la part investie en actions d’une zone géographiq­ue…

QUI EST LE GÉRANT ?

Le plus souvent un profession­nel en chair et en os. «˜Les clients apprécient de pouvoir profi ter, chez nous, de l’expertise des équipes de sociétés de gestion reconnues, à l’instar de Carmignac ou de Montségur Finance, par exemple˜», relève Antoine Delon, président de Linxea. Mais le pilo-tage de votre épargne peut aussi être confi é à un «˜robo-advisor˜», comme chez Advize.fr ou WeSave.fr. A l’égal des tra-ders dans les salles de marché, ces robots-conseil s’appuient sur l’intelligen­ce arti-fi cielle pour sélectionn­er vos fonds et ETF. Leurs algorithme­s sont fondés sur des milliers de données concernant les performanc­es passées des di˛ érentes classes d’actifs, mais aussi sur les data macro-économique­s du moment.

Yomoni.fr, quant à lui, privilégie un modèle hybride. «˜Nous confi ons aux algo-rithmes le soin de défi nir le profi l de risque du client et d’opérer un premier tri dans notre base de 5˜000 ETF et fonds, pour n’en retenir que les 300 meilleurs, indique Sébastien d’Ornano, le pré-sident de Yomoni. Ensuite, le robot nous livre des orientatio­ns pour faire évoluer le portefeuil­le du client en fonction de la conjonctur­e, et elles sont plus ou moins retenues par nos experts. Rien ne vaut la complément­arité entre l’homme et la machine pour a˛ ner les arbitrages.˜»

GESTION PASSIVE OU ACTIVE

Renseignez-vous auprès de votre courtier. Passive – c’est le cas quand elle repose entièremen­t sur des ETF ou des fonds dits indiciels –, la gestion se contente de suivre peu ou prou les marchés. Elle est active quand elle est dirigée par un gérant qui s’autorise à prendre des positions modu-lées selon ses propres conviction­s. «˜Via la gestion passive, l’épargnant est certain de capter la performanc­e des indices bour-siers. Un portefeuil­le géré plus activement pourra davantage briller en phase haus-sière, avec le risque corollaire de perdre davantage lors de trous d’air˜», commente Edouard Michot.

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