L'Obs

Femme d’Azerbaïdja­n

- BULENT KILIC/AFP

J’ai eu 40 ans le jour où je suis arrivé en Azerbaïdja­n. J’ai souvent été en reportage pendant mes anniversai­res : deux fois en Syrie, une fois en Irak. Je couvre les guerres depuis une dizaine d’années. Chaque fois, une grosse machine à propagande se met en branle, en particulie­r sur les réseaux sociaux où les officiels des gouverneme­nts publient chaque jour leurs propres rapports sur les victimes des attaques. Tantôt nous sommes visés, tantôt nous sommes utilisés : nos images sont instrument­alisées à des fins guerrières. Il est le plus souvent impossible de faire entendre qu’on est « pour la paix » ! Nous autres photograph­es pouvons seulement espérer que nos images aident les gens à réaliser, parfois longtemps après les massacres, que leur cerveau a été intoxiqué par le nationalis­me et le racisme. Quand j’ai vu cette femme, Xatire Celiova, qui me parlait de son fils parti combattre les Arméniens en marchant dans les ruines de sa maison détruite par les bombes, je me suis dit : « C’est pour cette femme, sa maison et son fils, que tu es ici ! » Xatire Celiova est venue constater les dégâts quand le cessez-lefeu a été décrété. Puis elle est repartie s’installer dans une école où sont parqués les réfugiés.

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