La Jeanne d’Arc du Sénégal
ALINE ET LES HOMMES DE GUERRE, PAR KARINE SILLA, LES ÉDITIONS DE L’OBSERVATOIRE, 304 P., 20 EUROS.
Sur une photo, elle pose la tête haute, un léger sourire aux lèvres, le regard tourné vers l’audelà. Aline Sitoé Diatta est une légende en Casamance. Sa bonté, sa non-violence et son martyre sont célébrés par les conteurs de village en village. Née en 1920 dans cette région du Sud sénégalais, la petite fille solitaire écoute les murmures de la forêt et les récits du sage Diacamoune. Adolescente, elle part à Dakar travailler comme gouvernante dans une famille de colons. Là, pour la première fois, elle entend des voix qui lui commandent de rentrer chez elle pour sauver son peuple. L’appel est fulgurant. A 19 ans,
Aline se sent missionnée par Dieu. Entourée d’anciens selon la tradition, elle incite les Sénégalais à la désobéissance civile et à récupérer leurs terres. Vénérée pour ses miracles, elle est sacrée reine. Aux yeux de l’administration française, cette « Jeanne d’Arc africaine » devient la femme à abattre. En des pages souvent éblouissantes, Karine Silla (photo), dont c’est le quatrième roman, rend un hommage vibrant à une héroïne de la résistance. A travers Aline, elle fait résonner la voix et battre le coeur de son pays d’origine dont les fantômes l’habitent et l’inspirent.