Beyrouth, année zéro
BEYROUTH 2020, JOURNAL D’UN EFFONDREMENT, PAR CHARIF MAJDALANI, ACTES SUD/L’ORIENT DES LIVRES, 160 P., 16,80 EUROS.
« Belmondo faisait des cabrioles en compagnie de Jean Seberg dans les couloirs de l’Hôtel Phénicia, Aragon dormait à l’Hôtel Palmyra, les espions de tous les pays se donnaient rendez-vous au bar fameux de l’Hôtel SaintGeorges dessiné par Jean Royère, alors que Niemeyer bâtissait la foire de Tripoli sur le modèle de Brasilia. » Ça, c’était le Liban d’hier, le Liban d’avant les années 1970 que Bardot, raconte Charif Majdalani, trouvait même trop occidentalisé à son goût. Elle aurait voulu de l’oriental, du mauresque, de l’enturbanné, mais elle n’entendit, dans les boîtes de nuit remplies de filles en minijupe, que du rock endiablé. Dans ce journal de bord d’un pays en crise, le romancier libanais raconte, au quotidien, les souffrances des Beyrouthins et retrace cinquante ans de cauchemar politique, fait de guerres, de corruption et de faillites. Majdalani était chez lui quand tout a explosé, le 4 août dernier . Il faut lire le récit sobre et amer d’un écrivain qui ne peut plus contenir sa colère.