LE RATIONNEMENT
C’est le mot qui fait peur. Le rationnement évoque les guerres, les pénuries, le marché noir. Et s’il pouvait en être autrement ? Saviez-vous qu’au début des années 2000, la Grande-Bretagne a envisagé d’instaurer une « carte carbone individuelle » ? L’idée est une alternative à la taxe carbone. Chacun se voit attribuer en début d’année une allocation CO2, qu’il utilise pour faire le plein, se chauffer, prendre des billets d’avion. S’il a atteint son quota, il peut racheter des droits (à émettre) à des personnes plus sobres.
D’année en année, l’allocation diminue de façon à organiser la sortie de l’économie fossile. Les chercheurs qui ont exploré l’idée, dont Mathilde Szuba, soulignent que l’effet est puissamment redistributif : les riches polluant plus, l’argent devrait ruisseler – pour de vrai cette fois – vers les plus modestes. Mais peut-on tenir une fine comptabilité carbone ? Ne risque-t-on pas de fliquer la population ? Les partisans du rationnement répondent que nous avons déjà une idée du poids écologique de nos consommations, et qu’on peut imaginer des mécanismes non intrusifs. D’ailleurs, les rationnements n’ont pas toujours été des catastrophes. En 1917, en France, celui du charbon a été plutôt bien vécu. En Angleterre, il reste associé à un effort collectif contre les nazis. Enfin, les plus attentifs auront noté nd que lorsque BFM – chaîne de télévision qui est loin d’être la plus anticapitaliste – a imaginé ce qui pourrait amener notre pays à la neutralité climatique en 2050, elle a fait de cette « carte carbone » un élément central de la bifurcation…