Sous le soleil
Feu. Son prénom signifie « le feu n’est pas éteint ». Il va bien à Nincemon Fallé. Cet Ivorien de 22 ans a reçu fin mars, au Cameroun, le prix Voix d’Afriques 2024 avec son premier roman, « Ces soleils ardents ». Là, il a enflammé la Semaine des Cultures africaines avec sa dégaine nonchalante, et encouragé les lycéens à croire en eux : « On vous dit que réaliser votre rêve est impossible parce que vous êtes africains. Ne vous laissez pas abattre ! »
Abidjan. Fallé vit à Yopougon, ce quartier populaire d’Abidjan immortalisé par la BD de Marguerite Abouet. Son rêve n’a pas toujours été la littérature. Il aimait plutôt les mangas et les séries. Et puis son grand-père l’a « un peu forcé » à lire, il a découvert Chinua Achebe et Ahmadou Kourouma, s’est mis à écrire vers 16 ans sur Facebook et Wattpad. Quand il a appris en 2019 l’existence du prix Voix d’Afriques, créé par RFI, JC Lattès et la Cité internationale des Arts pour aider de jeunes talents, il s’est lancé dans son manuscrit.
Amitié. « Ces soleils ardents » se nourrit de son expérience à l’université Félix-Houphouët-Boigny, où Fallé a étudié. Il met en scène deux garçons sur un campus rongé par la pauvreté, les trafics, la prostitution. Avec une grande sensibilité, il en dit beaucoup sur les frustrations d’une jeunesse africaine, mais aussi sur ce qui peut compliquer une amitié. Pas étonnant que Fallé vénère Elena Ferrante, dont l’éditeur italien vient d’acheter les droits du roman. Il sera bientôt publié aussi au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, et en Côte d’Ivoire pour être lu par ceux dont il parle.
ROMAN Ces soleils ardents, par Nincemon Fallé, JC Lattès, 306 p., 20 euros.