Calvino, Calvinissimo
REVUE Italo Calvino, sous la direction de Christophe Mileschi et Martin Rueff, Cahiers de l’Herne, 304 p., 37 euros.
Ce que l’on sait de l’auteur du « Baron perché » : qu’il était un bosseur invétéré (on apprend dans ce « Cahier » comprenant de nombreux inédits que son oeuvre
enlle couvrirait à sept volumes de la Pléiade). Le contraire du rêveur donc. Qu’il était aussi un brillant éditeur. Pas étonnant que ça se presse, dans les couloirs du sommaire de ce « Cahier de l’Herne », pour gratifier de mots tendres l’écrivain italien Italo Calvino (photo) : Giorgio Agamben, Natalia Ginzburg (elle le connut en 1946), Philippe Forest ou Paul Fournel. Rien que les critiques de cinéma (inédites) de Calvino valent le détour. Comme celle sur « la Soif du mal » d’Orson Welles où il soutient la thèse surréaliste (mais amusante) que Welles a, sans le savoir, réalisé un film sur Staline. Sur Buñuel, cette réflexion : « Personne, sans doute, ne regrettera de ne pouvoir assister à ses propres funérailles autant que Buñuel. » Comment ne pas écouter aussi Calvino comme une sorte de mage lorsqu’il prédit l’avenir de la littérature, où les livres « seront beaux et pleins d’intelligence » et « influeront sur l’indispensable renouvellement du monde ». Il semble qu’il n’ait pas prévu l’arrivée de Netflix, mais on lui pardonnera cet aveuglement en le créditant d’avoir écrit la plus belle définition de l’écriture qui soit : « Ecrire a toujours été chercher à effacer quelque chose de déjà écrit et mettre à sa place quelque chose dont j’ignore encore si j’arriverai à l’écrire. »