L'Obs

UN TOURNAGE FOU FOU FOU

VACANCES ROMAINES

- FRANÇOIS FORESTIER

Comédie américaine de William Wyler (1953). Avec Gregory Peck, Audrey Hepburn. 2h00.

A l’époque, dans les années 1950, les studios n’aiment pas les tournages en décors naturels. Trop d’incertitud­es. William Wyler, cinéaste qui a la réputation d’être une tête de mule, veut tourner « Vacances romaines » à Rome. Inquiet devant les menaces de la Commission des Activités antiaméric­aines, Wyler veut s’éloigner de Hollywood. Il sait que le scénario de « Vacances romaines », charmante comédie qui raconte la rencontre d’un journalist­e et d’une princesse, a été proposé à Frank Capra – qui l’a refusé –, et que le studio Paramount impose une condition : soit vous faites le film à Hollywood en couleurs, soit en décors naturels à Rome, mais en noir et blanc. Wyler, heureux d’échapper au contrôle du producteur, choisit de s’installer en Italie pour douze semaines. Il arrive en bateau transatlan­tique, en profite pour retravaill­er les dialogues, est émerveillé par la ville. Puis il cherche une actrice. Le studio désire Liz Taylor. Wyler n’en veut pas. On lui présente une inconnue, Audrey Hepburn (photo). Il la trouve trop grosse (marquée par la guerre, elle se bourre de chocolats dès qu’elle peut). Elle n’a pas d’expérience, n’ayant fait que quelques timides apparition­s dans « De l’or en barre », avec Alec Guinness, et dans « Nous irons à Monte-Carlo », avec Ray Ventura. Fille d’une baronne néerlandai­se et d’un banquier nazi, la jeune actrice, alors âgée de 23 ans, est terrifiée : le rôle qu’on lui propose est écrasant, elle sera présente dans tous les plans. Mais elle va accéder au statut de star. Gregory Peck (photo), charmé par sa gentilless­e, insiste pour qu’elle ait son nom en haut de l’affiche. Tourné en août 1952, dans une chaleur folle qui fait fondre les maquillage­s et rend les technicien­s peu amènes, le film est en outre impossible à sonoriser, à cause des fusillades incessante­s entre communiste­s et fascistes. Le plus amusant, évidemment, c’est que le scénariste McLellan Hunter, qui obtiendra l’oscar de la meilleure histoire cette année-là, servait de prête-nom à Dalton Trumbo, interdit d’exercer car figurant sur la liste noire de Hollywood…

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