MAISON EUROPéENNE DE LA PHOTOGRAPHIE
PRESQUE 20 ANS D’âGE ET UNE MATURITé QUI PERMET LA MISE AU POINT D’UNE PROGRAMMATION Où LES GRANDS NOMS DE LA PHOTOGRAPHIE CôTOIENT LES CRéATEURS PLUS INTIMISTES. LA MAISON EUROPéENNE DE LA PHOTOGRAPHIE POURSUIT AVEC BRIO SON OBJECTIF DE CONSERVATION ET DIFFUSION DE CE MéDIUM.
L’OFFICIEL ART : La Maison européenne de la Photographie dans son espace actuel a été inaugurée en 1996 – dans le prolongement de la décision prise par le Maire de Paris de l’époque – mais elle trouve ses origines en 1978 au sein de l’association Paris-Audiovisuel (fondée par Henry Chapier Marcel Landowski et Francis Balagna) puis le Mois de la Photo (créé par vos soins en 1980), enfn l’ouverture de l’Espace photographique de Paris (actif de 1985 à 1997). Riche de ce long cheminement, quelle est, aujourd’hui, l’identité de cette institution que vous dirigez, et son positionnement dans le paysage artistique hexagonal ? JEAN-LUC MONTEROSSO : La Maison européenne de la Photographie (Mep) est une institution consacrée exclusivement à la photographie contemporaine qui possède une collection importante couvrant la deuxième moitié du XXe siècle. Plus de 20 000 oeuvres dont une partie sera exposée lors des Rencontres d’Arles, accompagnée d’un important catalogue publié aux Editions Actes Sud. La Mep rassemble dans un même lieu les trois supports de l’image fxe, à savoir le tirage d’exposition, la page imprimée, et le flm. La programmation est fondée sur le principe que le médium recoupe
parfois l’histoire de l’art mais qu’il a une histoire propre – ce qu’aujourd’hui un salon comme Paris Photo, qui se distingue de la Fiac, pourrait illustrer.
Comment est construite la collection de la Maison européenne de la photographie, qui abrite aujourd’hui quelque 20 000 oeuvres, et quelle en est la politique d’acquisitions ?
La collection de la Mep est inaliénable. C’est une collection d’auteurs composée de vintages et de tirages originaux. Les acquisitions ont commencé dès 1980, pour s’accélérer à partir de 1988, au moment de la création de la Maison européenne de la Photographie. Les commissions d’achat se sont succédé au cours des années. Actuellement, en dehors d’un conservateur de la Ville de Paris et d’un représentant d’une institution de l’Etat, elle est composée de quatre personnalités qualifées. Le budget est hélas très modeste (environ 50 000 €), ce qui ne permet pas de poursuivre un enrichissement ambitieux. Mais grâce à de généreux donateurs (Neufize Vie, Epson, l’Association des Amis de la Mep, et les artistes eux-mêmes), cette collection continue à vivre.
Comment sont opérés les choix de programmation ? Quels grands moments rythmeront le calendrier des expositions ?
En tant que Directeur artistique, je propose chaque année au Conseil d’Administration une programmation. Celle-ci est fondée sur l’idée que la spécifcité de la photographie est d’être un art transversal. On retrouve la photographie dans la mode, dans la publicité, dans les sciences, dans le photojournalisme, dans l’art contemporain..., et en un sens, son identité est éclectique. L’architecture de la Mep est celle d’une maison qui s’ordonne autour d’un certain nombre de pièces plus ou moins spacieuces. Ne présentant pas de grands espaces, cette architecture appelle une certains diversité. Néanmoins, si l’on observe la programmation sur plusieurs années, on voit se dessiner de grandes lignes directrices : le photojournalisme, avec les expositions de Henri Cartier-Bresson, René Burri, Marc Riboud, Van der Stockt..., la page imprimée, avec des expositions comme celles du Magazine Vu, d’Harper’s Bazaar , des Editions Delpire, de Stiletto, de “De l’air”..., ou encore l’art contemporain à travers des expositions des tenants de la fguration narrative, de la fguration libre, ou l’exposition consacrée à Markus Raetz en 2003. Cette année, plusieurs moments forts, comme les expositions de grands photographes de Magnum, Bruno Barbey et Harry Gruyaert, ou l’Amérique des années 1960 à 1990 de Jean-Pierre Lafont, les photographies en couleurs de Jacques-Henri Lartigue (Lartigue n’a pas eu d’exposition à Paris depuis douze ans, date de sa dernière grande rétrospective au Centre Pompidou), les inédits d’Alice Springs, ou encore l’exposition de Pierre Reimer en collaboration avec la Fondation agnès b. Sans oublier un festival de la photographie arabe, à l’initiative de Jack Lang, intitulé (provisoirement) “De l’Ima à la Mep et de la Mep à l’Ima” qui aura lieu en novembre prochain. Mep, Saison 1 : Eric Rondepierre, Bernard Plossu, Patrice Calmette, Grégoire Korganow (jusqu’au 5 avril). Saison 2 : Harry Gruyaert, Denis Darzacq, Gérard Rondeau, Lydia Flem, Yuki Onodera, Luiz Mauro (du 15 avril au 14 juin). Saison 3 : JacquesHenri Lartigue, Alice Springs, Marcos Bonisson, Dominique Quessada, “Les chats des photographes” (exposition collective) (du 24 juin au 30 août)...
Mep, 5-7, rue de Fourcy, Paris 4.