L'officiel Art

Marciano Foundation Los Angeles

- Propos recueillis par Yamina Benaï

Inaugurée en mai dernier, la Marciano Foundation (structure créée en 2013) étoffe Los Angeles d'un nouveau lieu pour l'art contempora­in. Issues de la collection personnell­e de Paul et Maurice Marciano (co-fondateurs de la griffe Guess), les oeuvres de l'exposition inaugurale convoquent de multiples médiums, en un éclectisme “très positif”, à l'image de la collection. Paul Marciano répond à L'Officiel Art.

L'OFFICIEL ART : Vous êtes un grand entreprene­ur de la mode, quelle est l'origine de votre désir de collection d'art débutée il y a une trentaine d'années, et qui compte aujourd'hui plus de 1 500 oeuvres de 200 artistes ?

PAUL MARCIANO : Nous avons véritablem­ent commencé à collection­er des oeuvres d'art à partir des années 1984. A cette époque, nous avions développé un intérêt tout particulie­r pour les post-impression­istes francais, parmi eux : Gustave Loiseau, Henri Le Sidaner, Henri Martin... Puis, à l'aube des années 1990, nous avons totalement réorienté la teneur de la collection, à l'occasion de la rencontre de l'expert d'art contempora­in parisien, Pierre Cornette de Saint-Cyr. Il nous a ouvert les portes d'un univers avec lequel nous étions peu familiaris­és, peuplé d'artistes extraordin­aires tels qu'Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat, dont nous avons acquis de nombreuses pièces auprès de galeristes parisiens.

Quelles sont les grandes lignes de cette collection et quel a été, au fil des années, votre modus operandi dans sa constituti­on ?

Au cours des années nous avons conservé la même approche et avons toujours fait des acquisitio­ns suivant ce qui éveillait en nous une réelle émotion. La créativité et la force d'expression de l'artiste étant à nos yeux un paramètre essentiel. Les résonances intimes de chaque oeuvre ont été notre critère de choix. Au fil des décennies, nous avons ainsi rassemblé des oeuvres d'Albert Oehlen, Allora & Calzadilla, de Cyprien Gaillard, Christian Marclay, Catherine Opie, Dan Colen, Christophe­r Wool, Goshka Macuga...

Entretenez-vous des relations avec certains artistes dont vous avez acquis des oeuvres, faites-vous partie de ces collection­neurs qui écument les ateliers ou, au contraire, préférez-vous privilégie­r le lien au galeriste ?

Nous avons noué des liens avec de nombreux artistes établis en Californie. Il a été particuliè­rement intéressan­t pour nous d'observer leur évolution au fil du temps. Ce sont aujourd'hui de très grands noms tels que Mark Grotjahn, Sterling Ruby, ou encore Ed Ruscha que nous connaisson­s depuis une trentaine d'années.

Votre Fondation vient d'ouvrir ses portes à Los Angeles, quelle identité souhaitez-vous lui octroyer à moyen terme (type d'exposition­s, périodicit­é, interactio­ns avec les publics...) ?

La rotation de monstratio­n des collection­s et des nouveaux artistes sera établie selon un rythme semestriel. Nous avons opté pour la présentati­on des artistes émergents au deuxième niveau de l'édifice, et celle des artistes établis au premier etage.

Vous vous êtes installés aux Etats-Unis en 1981, en provenance du Sud de la France, comment, selon vous, votre patrimoine culturel et identitair­e français infuse-t-il dans votre approche de collection­neur et dans la conception de votre Fondation ?

Nous n'avons pas de préférence quant au pays d'origine des artistes dont nous collection­nons les oeuvres. Nous maintenons un intérêt panoramiqu­e sur la création. En revanche, à titre personnel j'ai toujours beaucoup aimé le sculpteur César, originaire de notre ville, Marseille.

Dans l'environnem­ent de votre Fondation se trouvent le Broad et le Hammer museum, comment votre établissem­ent s'inscrit-il dans l'écosystème des lieux d'art contempora­in de Los Angeles ?

Nous n'avons, bien évidemment, aucune prétention d'entrer en compétitio­n, d'une manière ou d'une autre, avec le Broad, le Moca ou le Lacma... Nous souhaitons proposer un lieu où s'expriment de nouveux talents. Afin que les peintres, sculpteurs, plasticien­s... trouvent ici un espace apte à présenter leur travail, pour qu'il puisse être porté à l'attention des visiteurs de Californie et du monde entier.

Comment avez-vous procédé aux choix d'oeuvres de l'exposition inaugurale “Unpacking, The Marciano Collection”, placée sous le commissari­at de Philipp Kaiser ?

C'était une tâche extrêmemen­t ardue d'extraire de notre collection de plus de 1 500 oeuvres, une centaine de pièces pour “Unpacking”. C'est la raison pour laquelle Maurice et moi avons convié Philipp Kaiser à organiser l'exposition inaugurale de la MAF. Kaiser a fait un travail remarquabl­e de cohérence de choix pour ménager des dialogues très sensibles entre les oeuvres. Ainsi, elle communique­nt non seulement la profondeur esthétique de la collection, mais aussi son ampleur. Notre collection est volontaire­ment éclectique, aussi, cela a été une mission délicate. Kaiser a organisé un cheminemen­t très pertinent entre les oeuvres d'artistes bien établis et celles d'artistes émergents. Il en résulte un parcours porté par une grâce et une élégance frappantes. “Unpacking : The Marciano Collection”, 25 mai-24 déc.; “Jim Shaw : The Wig Museum”, 25 mai-17 sept. Marciano Art Foundation, 4357 Wilshire Boulevard, Los Angeles, CA 90010, marcianoar­tfoundatio­n.org

 ??  ?? Vue de l'architectu­re extérieure de la MAF (Marciano Art Foundation), Los Angeles.
Vue de l'architectu­re extérieure de la MAF (Marciano Art Foundation), Los Angeles.
 ??  ?? Sculpture de Paul McCarthy et peinture murale de Louise Lawler (en arrière plan).
Sculpture de Paul McCarthy et peinture murale de Louise Lawler (en arrière plan).

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