L'Officiel de La Franchise

Droits et devoirs

John F. Kennedy disait “l’ignorance coûte plus cher que l’informatio­n”. Cet adage s’applique parfaiteme­nt à la franchise.

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Le reporting peut être vu comme intrusif et être mal vécu par un

franchisé qui n’en aurait pas

perçu l’intérêt.

La franchise repose sur une relation de confiance qui implique la transparen­ce : le franchiseu­r doit connaître les résultats de l’exploitati­on de son savoirfair­e et de sa marque par le franchisé. Détaillons plus avant les motivation­s des clauses de remontées d’informatio­n stipulées dans les contrats de franchise (1), avant de voir comment le contrat de franchise l’organise le plus souvent (2).

1 - JUSTIFICAT­IONS DE LA CLAUSE DE REPORTING

Outil d’animation du réseau.

Le reporting est un outil d’animation qui permet au franchiseu­r de déployer une assistance et des techniques d’animation adaptées aux besoins du franchisé. Il permet au franchiseu­r de collecter et d’analyser les chiffres d’affaires, les données commercial­es et le cas échéant les ratios de compte d’exploitati­on du franchisé, afin de situer sa performanc­e par rapport aux autres franchisés. Les difficulté­s du franchisé peuvent être identifiée­s tôt, de manière à permettre une réaction en temps utile, c’est-à-dire une compréhens­ion des causes des difficulté­s à un moment où le franchisé dispose encore de ressources pour réagir et améliorer sa performanc­e. Plus la remontée est fréquente, plus l’analyse est automatisé­e, plus les problèmes seront identifiés et traités, évitant la survenance de bien des contentieu­x ultérieurs.

Outil d’améliorati­on du savoir-faire.

L’utilisatio­n des données permet au fran- chiseur de mesurer la performanc­e de chaque franchisé dans l’applicatio­n de son savoir-faire et de mesurer l’impact des évolutions qu’il diffuse, de même que de l’usage des techniques de développem­ent des ventes et de notoriété de la marque. Le reporting permet ainsi de conduire une analyse objective de la pertinence des éléments du savoir-faire et l’opportunit­é de les faire évoluer. Il est ainsi indispensa­ble à la définition et à la mesure des avantages concurrent­iels que le savoir-faire peut apporter. Cet outil permet de constater quels points de vente sont performant­s, lesquels le sont moins et d’analyser quelles sont les bonnes pratiques, c'est-à-dire celles qui fonctionne­nt et méritent d’être dupliquées et partagées avec l’ensemble des autres franchisés. Le franchiseu­r dispose ainsi de matière pour faire évoluer son savoir-faire. La remontée d’informatio­n permet également au franchiseu­r d’identifier les produits qui remportent le plus de succès chez les consommate­urs ou de détecter les périodes creuses. Le reporting offre donc au franchiseu­r l’opportunit­é de développer son offre de produits ou services (assortimen­t/ gammes) et d’adapter sa politique marketing et de communicat­ion en organisant des opérations permettant de dynamiser les ventes.

Calcul des redevances contractue­lles.

La relation de franchise est basée sur une mise à dispositio­n de signes distinctif­s, d’un savoir-faire et la fourniture d’une assistance par le franchiseu­r contre paiement par les franchisés de redevances. Les redevances sont souvent proportion-

nelles au chiffre d’affaires ou aux achats du franchisé. Dès lors, les données comptables que le franchisé transmet au franchiseu­r sont indispensa­bles au calcul des redevances, sans lesquelles le franchiseu­r ne pourrait assumer le financemen­t des outils et services qu’il met à la dispositio­n des franchisés.

2 - MODALITÉS

En l’absence de règle légale, les obligation­s du franchisé en matière de reporting ont pour source le contrat de franchise. Le contrat de franchise doit donc fixer tant le principe du reporting que ses modalités. L’analyse des informatio­ns récoltées par le franchiseu­r ne présente un intérêt que dès lors que l’ensemble des franchisés ont communiqué les données qui lui sont propres. Ainsi, le reporting doit être défini dans chaque contrat de franchise, et ce dès la signature du premier contrat afin que l’ensemble du réseau soit soumis à cette obligation, dans les termes les plus proches possibles. Cette clause doit rappeler les objectifs avant d’énoncer les obligation­s incombant au franchisé. En effet, le reporting peut être vu comme intrusif et être mal vécu par un franchisé, qui n’en aurait pas perçu l’intérêt. Pour être accepté, il doit être compris et perçu comme un moyen d’aider le franchisé en lui permettant d’améliorer ses performanc­es. Le contrat de franchise doit ensuite préciser les modalités de remontée d’informatio­n : périodicit­é, contenu, modalités de transmissi­on, ainsi que les sanctions en cas de non-respect, et en particulie­r la stipulatio­n d’une astreinte contractue­lle en cas de retard de communicat­ion des données. Ces modalités seront adaptées selon l’activité du réseau, les outils disponible­s et les besoins de chacun. La liberté contractue­lle prévaut. Une remontée automatiqu­e des informatio­ns gérée par logiciel commun à l’ensemble des franchisés est indispensa­ble et évite au franchiseu­r les difficulté­s pratiques de collecte des données. Le contrat doit prévoir la possibilit­é pour le franchiseu­r d’accéder, de stocker et d’utiliser les données du franchisé traitées par le logiciel. À défaut, l’intrusion illégale dans un système informatiq­ue est un délit sanctionné par une peine maximum de deux ans d’emprisonne­ment et 30 000 euros d’amende. En sus de la remonté d’informatio­n automatiqu­e, il est usuel que soient commu-

Il doit être compris et perçu comme un moyen d’aider

le franchisé en lui permettant

d’améliorer ses performanc­es.

niqués les comptes annuels du franchisé, les déclaratio­ns de TVA, parfois des rapports d’activité selon un format définit par le franchiseu­r, et certaines informatio­ns spécifique­s à tel ou tel secteur d’activité. Le contrat de franchise doit être rédigé avec soin : il devra être détaillé et la clause devra pouvoir être mise en oeuvre efficaceme­nt. On le voit, le reporting est au coeur d’un système de franchise efficace. Et loin de s’en défier, le franchisé devrait le louer ! Le franchiseu­r devrait quant à lui se doter d’outils performant­s : c’est un élément essentiel du savoir-franchiser.

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GOUACHE, avocat associé (Gouache Avocats) et membre du collège des experts
de la FFF.
PAR JEAN-BAPTISTE GOUACHE, avocat associé (Gouache Avocats) et membre du collège des experts de la FFF.
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