L'Officiel de La Franchise

Les clés de la réussite

Pour développer leur politique de RSE, les entreprise­s sont tentées par l’électrique. Les avancées technologi­ques et l’absence d’infrastruc­ture rendent impossible la conversion de tous les véhicules d’une entreprise. Mais les nouveautés pour rendre les fl

- Par Chloé GOUDENHOOF­T

Si posséder des véhicules électrique­s dans sa flotte conforte une entreprise dans ses efforts de réduction de CO2, ce type de moteur correspond mal à ses besoins. L’autonomie de 100 à 150 kilomètres laisse le commercial songeur… “La peur de la panne, c’est le vrai problème”, indique Bertrand Lamarche, consultant chez ERCG (cabinet de conseil spécialist­e des flottes automobile­s). Une entreprise comme La Poste se satisfait des électrique­s : circulatio­n sur de courtes distances, retour en entreprise le soir pour la recharge... La société prévoit d’ailleurs de déployer 10 000 véhicules électrique­s d’ici 2015. Mais cet usage est rarement celui des autres sociétés, plus consommatr­ices de distances.

TRAITEMENT­S DES ÉMISSIONS

Pour les besoins des grands rouleurs, tout en limitant l’émission de CO2, les construc- teurs cherchent d’abord à optimiser le thermique. “La Clio 4 n’émet que 83 grammes de CO2 par exemple, explique Yorick Duchaussoy, responsabl­e de la valorisati­on de la gamme mécanique chez Renault. En termes de fiscalité, elle rivalise avec une hybride.” Pour réduire le taux d’émission, le constructe­ur travaille sur une combinaiso­n de technologi­es : downsizing (réduction de la taille des moteurs), système d’injection pour améliorer le rendement, innovation­s pour réduire la maintenanc­e... Le groupe propose aussi des boîtes de vitesse automatiqu­es EDC (Efficient Dual Clutch) qui réduisent de 30 grammes le taux de CO2 émis par kilomètre. “Sur cette technologi­e, les véhicules de flotte sont en retard à cause des surcoûts”. Mais selon les constructe­urs, ces options deviennent intéressan­tes en termes de TCO (Total Cost of Owernship, coût total de détention) grâce aux réductions de consommati­on et d’émissions de CO2. Ils travaillen­t sinon à des améliorati­ons sur l’aérodynami­sme, pour réduire la résistance à l’air et donc améliorer le rendement. Depuis longtemps, le Stop and Start permet au moteur de s’éteindre automatiqu­ement au feu rouge et dans les embouteill­ages pour moins polluer. PSA Peugeot Citroën a généralisé sur l’ensemble de ses gammes la technologi­e microhybri­de e-HDI, qui permet aussi de stopper le moteur lorsque le véhicule est à l’arrêt et de réduire jusqu’à 15 % la consommati­on de carburant. Le constructe­ur est aussi en train de mettre au point une technologi­e SCR (Selective cataly-

tic reduction) généralisé­e sur une de ses gammes diesel pour traiter les émissions d’oxydes d’azote des moteurs et réduire la consommati­on de carburant.

BATTERIE PRESQUE CHARGÉE EN UNE DEMI-HEURE

Le premier pas vers l’électrique tout en conservant une autonomie suffisante consiste sinon à opter pour les hybrides. Les premiers véhicules, lancés par Toyota dès 1997, couplaient un moteur essence à un moteur électrique qui offrait une autonomie en zéro émission de un à deux kilomètres. Puis, le temps d’autonomie s’est allongé. Peugeot a ensuite lancé l’hybride diesel avec la 3008 Hybrid4. En 2012, Volvo est allé plus loin avec sa V 60 Plug-in hybrid : un hybride diesel rechargeab­le avec une autonomie en zéro-émission de 50 kilomètres. Pour l’avenir, Peugeot se penche sur une solution “full hybride” qui marie l’essence et l’air comprimé. L’objectif vise une voiture consommant 2 litres pour 100 kilomètres. Quant aux électrique­s, le développem­ent de leur marché dépendra des infrastruc­tures disponible­s pour le rechargeme­nt, ainsi que de la baisse des coûts des batteries. Les constructe­urs travaillen­t en attendant à optimiser l’utilisatio­n de l’énergie. “Zoe est notre modèle le plus abouti, rappelle Yorick Duchaussoy. Elle permet une autonomie réelle de 120 à 150 kilomètres. Pour réduire la perte d’énergie liée à la climatisat­ion, par exemple, nous utilisons une pompe à chaleur située derrière le tableau de bord. C’est un véhicule pensé de manière globale. Nous réfléchiss­ons aussi bien en termes de technologi­es liées au moteur qu’au confort et à la sécurité.” Zoe récupère de l’énergie cinétique au moment de la décélérati­on et au freinage : un courant électrique est généré à l’appui et recharge l’accumulate­ur. Renault devrait aussi lancer un câble de recharge pour brancher le véhicule sur le secteur, sans recours à une borne. Au salon de l’automobile de Francfort en septembre, Volkswagen a présenté pour sa part la e-up! et la e-Golf, deux nouveaux véhicules électrique­s intégrant un système de recharge CCS (courant continu) prometteur. “Les voitures seront rechargeab­les de chez vous. Il suffira d’une demi-heure pour que la batterie soit rechargée à 80 % de sa capacité”, annonce Sébastien Briad, chef de gamme. Renault, de son côté, devrait concevoir en partenaria­t avec Bolloré un véhicule de trois places doté d’une batterie Bolloré. Le véhicule devrait être long de 3,1 mètres et aurait une autonomie de 200 kilomètres. Il est destiné à des services d’autopartag­e.

100 KILOMÈTRES À 3 EUROS

Ces technologi­es envahiront-elles les flottes une fois sur le marché ? Pas sûr, car les coûts encore élevés des hybrides et des électrique­s répondent mal aux exigences de réduction des coûts des entreprise­s. Néanmoins, l’acquisitio­n se fait progressiv­ement grâce aux incitation­s fiscales et à la démocratis­ation des véhicules. Toyota propose aujourd’hui des gammes complètes. Sébastien Briad estime que, par les aides fiscales et les réductions de dépenses pour le carburant, les utilisateu­rs s’y retrouvent. “Le pari est d’obtenir un coût à l’usage réduit. Le plein d’électricit­é en moyenne en Europe est de 3 euros, pour faire 100 kilomètres. Or pour un plein d’essence en France, pour une consommati­on moyenne de 6 litres par kilomètre, pour un coût du litre à 1,5 euro, il faut compter un peu moins de 10 euros pour 100 kilomètres.” Selon Yorick Duchaussoy, “le plein d’une Zoe revient à environ deux euros”. Pour développer le marché des électrique­s, ne manqueraie­nt donc que les infrastruc­tures pour recharger sa voiture où que l’on soit. Et de régler, accessoire­ment, le problème de l’alimentati­on si la France entière se mettait à rouler en tout électrique.

“Le pari est d’obtenir un coût à l’usage

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d’énergie au freinage.
La e-up! de Volkswagen en phase de récupérati­on d’énergie au freinage.
 ??  ?? La e-up! branchée à une borne de recharge 400V.
La e-up! branchée à une borne de recharge 400V.
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Peugeot 3008 Hybrid 4.
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bord de la Peugeot
3008 Hybrid 4.
Planche de bord de la Peugeot 3008 Hybrid 4.

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