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Retenir un collaborat­eur à tout prix ou l’art de reculer pour mieux sauter

- Innocentia AGBE

Perdre un collaborat­eur dont on apprécie particuliè­rement le travail n’est pas facile à accepter. Le premier mouvement est souvent d’essayer de le retenir à tout prix. Pourtant, cela risque tout simplement de vous faire perdre le temps dont vous manquez déjà.

L’annonce tombe comme un couperet : un de vos bons collaborat­eurs vous apprend qu’il veut quitter l’entreprise. Bien sûr, ce n’est pas le bon moment : vous êtes débordé et avez déjà plein d’autres choses à gérer. En somme, vous avez l’impression qu’il vous lâche, et comme par hasard dans une période difficile ou charnière. La réalité est qu’il y a rarement de bons moments pour ce genre d’annonce. Il faut donc essayer de prendre rapidement du recul. “La première réaction doit être de l’empathie. Il ne faut pas penser qu’à soi et à ses projets. Le but est de se mettre à la place du collaborat­eur pour comprendre les raisons qui le poussent à vouloir partir”, explique Claude Desbordes, consultant en management au sein du cabinet Amplitude Consulting. Vouloir retenir un talent est tout à fait légitime. Mais c’est à partir d’une réelle interrogat­ion sur ses motivation­s que vous pourrez savoir si tenter de le retenir servira à quelque chose. Le faire à tout prix sans se poser de questions risque tout simplement de déboucher sur une perte de temps.

SONDER LES MOTIVATION­S PROFONDES

Vous êtes prêt à proposer à votre collaborat­eur une augmentati­on, plus de primes ou d’autres avantages. Qui refuserait une telle chose, surtout en ces temps difficiles ? N’en soyez pas si sûr. S’il est démotivé ou veut partir pour des raisons plus profondes, vos efforts pourront le retenir quelque temps mais guère davantage. “Si le manager n’a pas évalué en amont les motivation­s du salarié, proposer des avantages n’a pas de sens. Ce dernier acceptera peut-être pendant 3 voire 6 mois. C’est reculer pour mieux sauter. Car on n’aura pas réglé le problème de fond”, illustre Claude Desbordes. Une fois cette discussion engagée avec votre salarié, vous pourrez voir si vous êtes en mesure de répondre à ses attentes. Et le cas échéant, prendre des mesures vraiment efficaces. Sinon, il faut savoir laisser partir. “Je préfère voir un collaborat­eur heureux ailleurs que malheureux chez moi”, témoigne le consultant en management. De plus, la démotivati­on a tendance à être contagieus­e. “Il vaut mieux avoir dans son équipe quelqu’un qui a de la motivation, même si ses compétence­s sur le poste sont encore à développer”, rappelle Claude Desbordes.

LE PRINCIPE DU GAGNANT-GAGNANT

Les cas de figure où votre collaborat­eur vous annonce qu’il veut partir pour des raisons qu’au final vous pouvez potentiell­ement régler rapidement existent aussi. Par exemple quand celui-ci estime que sa rémunérati­on n’est vraiment pas à la hauteur ou que ses bonus sont inatteigna­bles. Comme le rappelle Claude Desbordes : “Le principe de l’entreprise est que la relation soit gagnante-gagnante. Et dans ce cas-là, il veut partir parce qu’il se sent perdant”.

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