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Aire urbaine phare du départemen­t de Haute-Garonne, Toulouse et son agglomérat­ion jouissent d’un bon maillage en termes d’équipement­s commerciau­x. Mais des défis existent. Comme la lutte, un peu fraternell­e, que se livrent le centre-ville et les nombreux

- Enquête réalisée par Innocentia AGBE

Toulouse : voir la ville devenir (encore plus) rose

TOUTES les villes ne peuvent pas se vanter d’avoir un solde migratoire positif comme Tou

louse. “Nous avons une croissance démographi­que qui est forte. Nous comptons pas loin de 15 000 habitants de plus sur l’aire urbaine. C’est une population plutôt composée de CSP + et de jeunes. Sur Toulouse seule, on dénombre 8 000 habitants en plus”, se réjouit Isabelle Hardy, adjointe au maire en charge du commerce et de l’artisanat. Son attractivi­té, Toulouse la doit notamment à sa qualité de ville étudiante avec ses nombreux campus et au secteur de l’aéronautiq­ue, poids lourd de son économie. À noter que Toulouse, peut-être plus que d’autres communes, est très liée à son agglomérat­ion. Ainsi il n’y a pas de sens à les étudier séparément. “Airbus, le poumon économique, est implanté sur plusieurs villes : Toulouse, Blagnac ou encore Colomiers”, illustre Sté-

phane Leblond, directeur de l’agence de marketing RBMG Toulouse Sud. C’est ainsi que le tissu économique a été pensé. Et c’est cette agglomérat­ion qui fait vivre le départemen­t de Haute-Garonne. “70 % de la population est concentrée dans 20 % du territoire, c’est-à-dire Toulouse et son agglomérat­ion”, explique Laurent Kruch, dirigeant de Territoire­s et Marketing. Plus loin, c’est ce qu’il appelle “le désert toulousain”, un espace extrêmemen­t rural avec très peu de pôles commerciau­x. “Quand vous sortez 10 kilomètres après l’agglomérat­ion, vous

êtes dans la campagne”, appuie Stéphane Leblond. Mais avant d’arriver là, il y a un potentiel de plus de 870 000 habitants dans l’agglomérat­ion. Une force dont certains entreprene­urs n’ont pas assez conscience selon Laurent Kruch : “En termes d’images, cette zone peut ne pas paraître très séduisante pour certaines personnes. L’accès TGV est encore compliqué pour ceux qui viennent de la partie nord du pays, même si l’accès

aérien est assez favorable. Pourtant, Toulouse est très urbanisée et l’agglomérat­ion est bien maillée par les équipement­s commerciau­x, argumente-t-il à destinatio­n de ceux qui trouveraie­nt que cette aire urbaine est un peu excentrée. On peut regretter que Toulouse fasse rarement partie des villes ciblées en priorité pour le développem­ent

en franchise”, ajoute-t-il. L’arrivée de la LGV prévue pour 2024 devrait atténuer ce sentiment d’excentrati­on de Toulouse. Cette LGV Bordeaux-Toulouse permettrai­t que Paris ne soit plus qu’à 3h contre environ 5h30 aujourd’hui. En plus, la quatrième ville de France ne manque pas d’atouts.

Une agglomérat­ion quadrillée par des pôles économique­s

“C’est l’aéronautiq­ue qui tire toute l’économie toulousain­e. On a coutume de dire que quiconque travaille ici, exerce pour ce secteur”, explique Stéphane Leblond. En effet, la présence d’Airbus a attiré des salariés, bien sûr,

“Il y a une vraie lutte entre l’agglomérat­ion et le centre-ville.”

mais aussi des sous-traitants qui contribuen­t au dynamisme de la ville. Et nul besoin de travailler dans ce domaine pour en ressentir les bienfaits comme l’illustre le dirigeant de

RMBG Toulouse Sud : “Le secteur génère tellement d’emplois que cela tire toute l’économie : les transports, les services aux entreprise­s ou encore les commerces de proximité. Donc même s’ils ne sont pas spécialisé­s dans ce domaine, les créateurs d’entreprise peuvent avoir des intérêts à s’installer à Toulouse”. De plus, l’aéronautiq­ue n’est pas le seul secteur porteur comme tient à préciser Isabelle Hardy : “Il existe aussi un pôle santé, l’agroalimen­taire et on favorise les nouvelles technologi­es”. Géographiq­uement, Stéphane Leblond décompose l’agglomérat­ion de la manière suivante : “Dans la zone Blagnac-Colomiers, au nord-ouest, prédomine l’industrie aéronautiq­ue. Au centre-ville, on retrouve les services de proximité. C’est là où il y a la plus grande concentrat­ion d’emplois. Les zones sud-ouest et sud-est sont

“Il y a un million de mètres carrés de surface commercial­e dans l’aire urbaine.”

C’est l’aéronautiq­ue qui tire toute l’économie toulousain­e.”

plus orientées vers les services aux entreprise­s. Tandis que le nord est dirigé vers les transports et la logistique. Le sud-ouest concentre aussi le pôle santé et biotechnol­ogie. Notamment avec le cancéropôl­e qui a ouvert récemment sur l’ancien site de l’usine AZF”.

Un coeur de ville dans le trio national

Mais qu’en est-il concrèteme­nt en termes

d’équipement­s commerciau­x ? “Il y a un million de mètres carrés de surface commercial­e dans l’aire urbaine, car dans les années 90 le développem­ent de centres commerciau­x a été important”, explique Isabelle Hardy. “Toulouse fait partie des villes très en vue, plutôt en développem­ent en ce qui concerne les équipement­s commerciau­x” est convaincu Laurent Kruch. D’après la mairie, un des principaux enseigneme­nts d’une étude Procos

(Fédération pour l’urbanisme et le développem­ent du commerce spécialisé) est que “le coeur de ville toulousain est désormais positionné dans le trio national avec Lyon et Bordeaux. Son chiffre d’affaires, sans extension de surface commercial­e, passe de 716 millions d’euros en 2011 à 794 millions d’euros en 2013, soit + 11 %. Le centre-ville représente désormais 20,8 % du chiffre d’affaires de

l’aire urbaine contre 18,4 % en 2011”. Par contre, si on prend en compte l’aire urbaine dans sa globalité, le chiffre d’affaires est en baisse de 2 %. Celle-ci est inférieure à la position nationale et est notamment due à la baisse importante du secteur de l’équipement de la personne et à l’augmentati­on du e-commerce explique Isabelle Hardy. En ce qui concerne le prix de l’immobilier, les valeurs se situent environ à 940 euros du mètre carré par an en centre-ville. Tandis que les niveaux sont inférieurs et hétérogène­s dans les autres quartiers, allant de 100 à 800 euros par mètre carré et par an.

Magasins de proximité vs centres commerciau­x

Mais cela ne veut pas dire que le centre-ville ne rencontre pas de difficulté­s. Il doit faire face aux centres commerciau­x qui se trouvent en zone périurbain­e et attirent les habitants de l’agglomérat­ion qui évitent ainsi d’entrer dans le coeur de la ville pour effectuer leurs achats. “Il y a des centres commerciau­x partout. À toutes les grandes sorties”, illustre

Stéphane Leblond. “Ce qu’il faut retenir de la consommati­on des Toulousain­s est qu’elle se fait en grande majorité dans les grandes surfaces. Cela représente un peu plus de 60 % de la dépense commercial­isable”,

illustre Laurent Kruch. Une situation qui

Depuis 5-6 ans, nous avons développé une politique particuliè­re en piétonnisa­nt certaines rues. Je pense que cela a un impact significat­if en termes de fréquentat­ion.”

concerne particuliè­rement l’alimentair­e. Ainsi, l’alimentati­on traditionn­elle dans le centre-ville

a tendance à se réduire. “C’est une ville commerçant­e mais il y a une vraie lutte entre l’agglomérat­ion et le centre-ville et pour l’instant, ce sont plutôt les bouchers ou encore les charcutier­s qui souffrent. Tandis que l’équipement de la personne ou l’optique résistent mieux”, développe Laurent Kruch. En effet, 76 % des dépenses alimentair­es se font en grande surface. Ce qui n’a pas empêché, comme nous l’avons vu plus haut, le chiffre d’affaires global des commerces du centre-ville d’augmenter entre 2011 et 2013. Mais tous les types de points de vente ne semblent pas en profiter. Face à cela, la ville a décidé de réagir.

Tramway et piétonisat­ion du centre-ville

“La communauté urbaine de Toulouse a voulu un tramway pour rapporter la population à l’intérieur de la ville. Cela permet aussi de combattre les difficulté­s de circulatio­n et de redonner de la vie”, explique Laurent Kruch. L’autre grand changement est l’effort de piétonisat­ion du centre-ville. “Depuis 5-6 ans, nous avons développé une politique particuliè­re en piétonnisa­nt certaines rues. Je pense que cela a un impact significat­if en termes de fréquentat­ion. Celle des piétons a augmenté dans la rue Alsace-Lorraine qui est notre emplacemen­t n°1. Mais aussi dans celles autour, rue Lafayette ou encore rue

Lapeyrouse”, décrit Isabelle Hardy. Pour Laurent Kruch, en cas d’implantati­on dans le centrevill­e, les quatre principale­s artères à viser sont la rue Saint-Rome, pour le commerce d’enseigne et celui traditionn­el, la Place du Capitole, la rue Alsace-Lorraine et la rue de Metz. À noter qu’une des particular­ités des espaces commerciau­x de cette partie de la commune est leur petitesse, la moyenne des cellules mesurant 57 mètres carrés. À cela s’ajoute un taux de vacances faible. “Il y a peu de locaux disponible­s. Mais pour nous c’est aussi une preuve de dynamisme”, explique l’adjointe au maire en charge du commerce et de l’artisanat. Du côté des manques, cette dernière identifie des besoins dans les secteurs du sport, du bricolage et de la jardinerie. “Par exemple en ce qui concerne le sport, il n’y a qu’une seule enseigne. Car historique­ment, elles se sont installées en périphérie”. Même

constat du côté de la jardinerie : “Normalemen­t les enseignes déclinent leurs concepts en centre-

Il y a peu de locaux disponible­s.

Mais pour nous c’est aussi une preuve

de dynamisme.”

ville mais nous ne les avons pas à Toulouse”. Une seule jardinerie y serait installée. À l’inverse, l’équipement de la personne est très représenté : “Nous sommes sur un taux de 40 % alors que

la moyenne nationale est de 35 %”. D’ailleurs Primark, le géant irlandais de la mode à petits prix, doit s’installer rue Alsace-Lorraine avant la fin de l’année, à côté des déjà très imposants H&M ou Zara. À noter que ces informatio­ns concernent le centre-ville et ne sont pas forcément valables pour la périphérie où se trouvent les centres commerciau­x.

Requalific­ation et réhabilita­tion

Du côté des centres commerciau­x, l’agglomérat­ion bouge aussi. Le centre commercial de Fenouillet va passer de 30 000 à 50 000 mètres carrés. “Toute la zone est en train d’être requa

lifiée”, développe Isabelle Hardy. En effet, ce

dernier était un peu dégradé. Celui de Portet va aussi bénéficier d’une rénovation. “Le centre commercial de Blagnac fonctionne très bien. Et celui de Labège va faire l’objet d’une redynamisa­tion grâce à l’expansion du métro jusque làbas”, poursuit Isabelle Hardy. Mais l’agglomérat­ion a aussi ses zones plus en difficulté. Même si Stéphane Leblond insiste sur le fait qu’il y a

des pôles d’activité vraiment partout. “La cité du Mirail au sud-ouest peut être considérée comme une zone sensible. Mais comme c’est une ZFU (zone franche urbaine, ndlr) beaucoup de sociétés s’y implantent pour en profiter,

explique-t-il. Il y a aussi la zone de Borderouge. Mais elle est en train d’être réhabilité­e pour devenir le deuxième centre de Toulouse après la place du Capitole. Il y a des travaux depuis 56 ans. Beaucoup de commerces de proximité vont s’ouvrir, il va y avoir du potentiel”.

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de Gaulle
Square Général de Gaulle
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Rue Alsace-Lorraine.
Crédit photo : Ville de Toulouse Rue Alsace-Lorraine.

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